Sortons encore samedi 12 décembre.

Encore une idée de sortie : Christophe Bosque, adhérent assidu de Vertivin est grossiste en vin : sa boîte s’appelle ViniLibre. Il distribue sur Nantes moultes domaines intéressants comme Cosse-Maisonneuve de Cahors, Chantal Lescure en Bourgogne, Clusel Roch en Côte Rôtie, Roc D’Anglade en Languedoc, Julien Braud en Muscadet… et j’en passe.

Il fait ses portes ouvertes le samedi 12 décembre de 10:00 à 18:00 11 le bas Fief 44190 Gorges, il fera un peu de vente directe et profitera de l’opération pour lancer une nouvelle gamme de vins en monocépage.

Le slogan est prometteur.

Compte-rendu de dégustation : Cidres de Cornouaille

C’est avec un immense plaisir que nous avons accueilli Mark Gleonec, ambassadeur, chantre, que dis-je, barde de l’appellation AOC Cidre de Cornouailles. Il y a deux AOC dédiées aux Cidres aujourd’hui : Pays d’Auge (en Calvados) et Cornouaille en Penn-Ar-Bed. Cornouaille est AOC depuis 1996 après 16 ans de tractations.

Il sera question de pommes et de pommiers lors de cette séance. Sous les yeux de l’adhérent docile, a défilé une litanie de pommes et pommiers entrant dans l’Appellation : Kermerrien, Marie Ménard, Prat Yeaod, C’Huéro Briz… Une douzaine de variétés (seulement les principales, on aurait pu y passer la nuit) y sont passées avec leurs caractéristiques, leurs légendes, leur terrain de prédilection et leur étymologie. Mais pourquoi nous raconte-t-il tout cela ? Hé bien parce que la pomme, au-delà du terrain ou de la cidrification, c’est le nerf de la guerre. Parce que les pommes comme tout fruit du verger, certaines années, ça donne, d’autres années ça ne donne pas ! Un petit aspect aléatoire que les vignerons sont heureux de ne pas connaître avec la vigne. Alors même que l’AOC demande une typicité de cidres aromatiques fruités, demi-sec, légèrement amer, tannique et pas trop pétillant, il faut l’obtenir avec des variétés de pommes différentes d’une année sur l’autre… autant vous dire que l’assemblage champenois doit paraître d’une joyeuse rigolade quand on pense aux assemblages à réaliser pour obtenir un cidre de Cornouaille cohérent.

Autant dire que l’année a une importance fondamentale : chaque assemblage sera différent d’une année sur l’autre et les qualités organoleptiques du produit forcément différentes. Autant dire aussi que la mention du millésime serait largement plus utile sur un cidre de Cornouaille que sur un vin de Jurançon. Ce n’est pas le cas actuellement. Gageons que l’INAO saura comprendre en temps utiles la pertinence  d’une telle mention.

Il n’y a guère plus d’une dizaine de cidrerie qui font de l’AOC Cornouailles. La commercialisation est essentiellement locale. La valorisation du produit est encore faible. Rares sont les Cornouaille qui arrivent à 6€… Il faudrait pouvoir vendre un peu partout en France voire exporter pour viser une valorisation plus juste des Cidres de Cornouaille. A ce titre, il y a certainement encore des marges de progression sur l’AOC… Notez qu’il n’existe pas en France de Caviste spécialisé en Cidres. Vu ce que nous avons goûté ce soir, on ne peut s’empêcher de se dire que c’est très dommage. Le cidre de Cornouaille mériterait mieux.

Les cidres proviennent des récoltes 2014. Comme d’habitude, les commentaires “Bien/Très Bien” sont les miens et les points proviennent de la répartition des trois points attribués par chaque participant aux trois cidres qu’ils ont préférés. La sélection est effectuée par le CIDREF que je remercie grandement au passage.

En entrée un cidre hors AOC.

Cidre Fermier, Jean-Michel Tanguy, Cidrerie du Pays des Avens

Nez balsamique, animal, miellé. La bouche est douce, un léger tanin malheureusement dominé par une présence de brettanomyces… Cela étant, les brett sur du cidre, cela a un petit côté madeleine de Proust du tonneau de cidre de mon grand-oncle (ma première cuite)… c’est moins rédhibitoire que dans le vin pour moi. Bien (1 point)

Cidre de Cornouaille, Jean-Michel Tanguy, Cidrerie du Pays des Avens

Un nez sur de la croute de brioche un peu balsamique. La bouche offre une plus belle consistance. La bouche est demi-sèche, pourtant la bulle fuit assez vite en bouche et laisse une sensation légèrement sèchante portée par de légers tanins. Bien ++ (8 points)

Cidre de Cornouaille, Cidrerie Gilles Goalabré, Au Pressoir du Belon

Joli nez floral, un peu tourbé qui s’ouvre sur des aromes de pomme fraiche à l’aération. La texture est assez crémeuse, la bouche est plus sèche, elle offre des amers riches, des tanins assez présents et surtout une longue rétro-olfaction florale, fruités et tourbée assez complexe. Très Bien ++ (16 points)

Goalabré

Cidre de Cornouaille, Manoir de Kinkiz

Nez de café, tourbe, floral, fruité pomme-pêche assez intense. La bouche est un peu brutale : amers, sucrosité plus appuyée. Du tempérament mais une bulle un peu fuyante qui rend la rétro-olfaction un peu plus courte. L’amertume/tanin colle un peu en bouche. Bien ++ (6 points)

Cidre de Cornouaille, Cidrerie Menelig, Ruz

Menelig est la seule cidrerie bio de l’appellation. C’est un cidre filtré et cela change tout au niveau de la couleur : la robe est claire. Le nez est très singulier : il offre un nez de pomme tapée, de cire et de tourbe. “la pomme est ramassée très mure ici” nous dit Mark. En bouche les tanins sont bruts et les amers puissants. Les amers laissent nettement une sensation de peau de pomme mâchonnée. L’ensemble est relativement plus trapu. Il appelle le repas. L’expression est sans doute moins typique mais intéressante. Très Bien (16 points)

Cidre de Cornouaille, Les Vergers de Kermao

C’est un joli nez fruité et pimpant que nous avons là. La bouche est ronde et légère : pas beaucoup de tanin, pas beaucoup d’amers. Tout est dominé par une persistance aromatique très prononcée. La rétro-olfaction offre de longs arômes fruités. Plaisant mais il faut éviter de manger avec. C’est le cidre du goûter. Très Bien (7 points)

Cidre de Cornouaille, Cidrerie de Menez Brug

On retrouve ici un cidre très aromatique : fruits blancs, verveine, agrumes, floral : un nez joliment complexe. Belle matière en bouche : de la densité, une jolie bouche tannique. Un peu plus d’amers n’aurait pas nuit mais c’est un très joli cidre. La rétro-olfaction très aromatique est longue porte bien le cidre en bouche.  On nous suggère une crème de blé noir aux coquilles Saint Jacques pour accompagner cela… Gargl c’est tentant. Très Bien + (13 points)

 

 

Encore trois places pour le groupe Vertivictuailles

Trois places sont encore disponibles pour le groupe Vertivictuailles qui débute le 19 janvier. Ce sont 4 séances (les trois autres sont le 8 mars, le 19 avril et le 10 mai) dédiées aux accords mets et vins. 2 séances se dérouleront dans des restaurants et 2 séances au château de la Frémoire plutôt avec des aliments ou des préparations traiteurs et sans doute avec un peu de théorie sur les gammes d’accords.

Ces 4 séance coûtent 120€ (restaurants, traiteurs et vins compris) auquel il faut rajouter 15€ d’adhésion à Vertivin pour ceux qui ne seraient pas encore adhérents (20€ pour un couple).

Ceux qui sont intéressés peuvent me contacter pour réserver leur place.

Compte-rendu de séance Verdicchio des Marches en Italie

Voici une séance dédiée au cépage Verdicchio des Marches italiennes : sur les appellations Verdicchio dei Castelli di Jesi et Verdicchio di Matelica. La première est une grosse appellation en bordure de côte, la deuxième est une petite appellation de quelques centaines d’hectares à peine dans le piémont des Appenins bref dans la montagne : un terroir sensiblement plus frais.

Le Verdicchio, ce n’est pas un cépage très aromatique. Il semblerait d’après la littérature que le Verdicchio à l’instar de notre Muscadet gagne à vieillir. Il est hélàs assez compliqué de trouver de vieux Verdicchio sur le marché pour vérifier si le cépage est riche en précurseur d’arômes. Au demeurant pour les vins un peu plus anciens que nous avons eu, nous n’avons eu qu’à constater que le cépage offrait une intensité aromatique plus importante… mais il s’agissait aussi de vins aux rendements plus modestes… Le cépage offre en bouche une jolie structure, un caractère un peu chaud (l’alcool est souvent très perceptible), des amers notables et une acidité qui titille la glotte (heureusement sinon la perception alcoolique serait sans doute moins supportable). Cela en fait un cépage intéressant qui a sa place dans l’échiquier des cépages de premier plan.

Verdicchio di Matelica Borgo Paglianetto “Vertis”  DOC 2012

Premier nez reducteur assez peu expressif, la bouche donne une impression légèrement sucrée que peut conforter un léger perlant, une finale vive et acidulée. Un vin bien droit. Bien +(+) 8 points

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Riserva Umani Ronchi “Plenio” DOCG 2012

Nez assez marqué par l’élevage partiel en fût. L’ananas est dominant. La sucrosité est en revanche un peu appuyée en bouche sans doute à cause de la sucrosité apporté par le fût. Légère astringence “bois sec” selon mon voisin de droite. Amertume un peu appuyée… bon au demeurant pour le commun des mortel c’est un vin assez facile à boire. Bien (0 points)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Superiore, Garofoli  “Podium” DOC 2012

Nez assez peu expressif qui offre une attaque très large en bouche (gras, nappant, un peu chaud). Rétro-olfaction sur des notes de pèche-poire. Vif et assez nerveux en fin de bouche. Malgré la chaleur, un vin intéressant. Bien ++/Très Bien (0 points)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Riserva Marotti Campi “Salmariano” DOC 2011

Nez vraiment peu expressif. À peine j’entrevoie un bref arôme de bouillon cube dont on se demande d’ou il sort. Le jus est très rond en attaque, très vif, claquant, bien tendu. De jolis amers marqués. Bien++/Très Bien (3 points)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Riserva Moncaro”Vigna Novali” DOCG 2011

Nez assez expressif, fruité. La bouche offre un équilibre plus mur avec une légère pointe de CO² perceptible en bouche. La bouche est suave. L’acidité encore assez mordante. Amers notables. Bien++ (7 points)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Superiore Umani Ronchi “Vecchie Vigne” DOCG 2012

Nez fruité, fruits blancs. Bouche large et épaisse. Moins vif mais une acidité qui tend toutefois bien le vin en seconde bouche. En bref une impression de vin plus compact, aux rendements plus serrés mais la chaleur en bouche est aussi un peu plus présente. Très Bien (8 points)

Verdicchio di Matelica Riserva  La Monacesca “Mirum” DOCG 2012

Nez expressif, citron, arnica, fruits blancs. Notes miellées. Bouche crémeuse très intense, large, vive, tendue. Pointe d’amande en rétro-olfaction. Superbe équilibre d’ensemble. Très Bien++/ Excellent (20 points – vainqueur mérité du collectif ce soir. Il était aussi vainqueur de la séance Vertivinus dédié aux cépages italiens blancs autochtones)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Riserva Andrea Felici “Cantico della Figura” DOCG 2012

Nez citronné. Bouche aussi verticale que le précédent vin était horizontal. Vif, tranchant tout en longueur. Un peu plus d’ampleur n’aurait pas nuit mais l’expression est intéressante. Bien++/ Très Bien (14 points)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Riserva Villa Bucci DOCG 2010

Le boisé est assez discret au nez mais offre une palette aromatique un peu plus originale (Fruit, tilleul, tisane). Bouche très crémée, très épaisse toute en largeur. Notes d’amande en fin de bouche. Vif en finale. Il faut reconnaître que c’est un vin bien fait et de bonne concentration. Très Bien + (13 points)

Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico Riserva Garofoli “Selezione Gioacchino” DOC 2008

Nez expressif, fruité, fruits blancs frais, zeste de citron. Attaque et bouche très dense, un peu chaude. Jolie compacité mais soutenu par un bel équilibre. Très Bien ++ (17 points)

Compte rendu : divers Muscadets lors de la séance “les pressoirs à longs fûts”

Groupe Verticadet : séance du 15 septembre 2015 :

Cette première séance de l’année pour le groupe Verticadet avait pour thématique un élément du patrimoine viticole en pays de muscadet : le pressoir à long fût.

Le groupe était accueilli par le propriétaire du château de l’Aulnaye à Vertou, qui abrite un des plus imposant spécimen de pressoir à long fût. Dans un premier temps avec un diaporama à l’appui, Jean-Pierre MAILLARD, président de l’association Forum et auteur de l’ouvrage Inventaire des pressoirs anciens du vignoble nantais, est intervenu pour nous présenter le fruit de son étude débutée en mai 2013.

PressoirLongFût

La séance s’est poursuivie par la dégustation d’un échantillon de muscadets de cru et millésimes divers.

– Domaine de Bellevue, Gétigné, J. Bretaudeau, granit 2014

Nez agréable, légèrement fumé, aux notes d’agrumes, d’iode, de fruits blancs ; jeune mais pas fermentaire. Belle matière en bouche, avec de beaux amers. Un Muscadet déjà joli bien qu’il ne soit pas encore à maturité. Bien ++/Très bien (2 points)

– Domaine Vincent Caillé, Vieilles vignes 2013

Nez complexe, amande amère et fruit sec, un peu phénolé. En bouche, un peu de CO2 à l’attaque, puis sur le fruit (abricot), vin puissant, peu nuancé ; finale un peu chaude. Bien + (0 point)

– Domaine de l’Ecu, Le Landreau, G. Bossard et F Niger Van Herck, Gneiss 2013

Nez riche, sur les fruits blancs (poire), notes racinaires, melon, gentiane, notes iodées, registre d’agrumes. en bouche, l’attaque est grasse, la matière est dense, et on retrouve les notes de gentiane et pomme verte. Ce vin, encore un peu fermé, est très homogène et équilibré. finale très longue sur des arômes d’agrumes. Très bien + (4 points)

– Branger, Maisdon/sèvre, terroir les gras moutons 2012

Beau nez, sur le fruit blanc et jaune (pêche de vigne, nectarine,…). En bouche, très léger perlant à l’attaque, développement aromatique puissant sur le fruit avec bel équilibre acidité/amertume. Un vin qui en a encore sous la pédale. Très bien (4 points)

– Domaine Guindon, coteaux de la Loire, Tradition 2011

Vin bouchonné. Dommage !

– Château de l’Aulnaye, famille Lieubeau, démarche cru Château-Thébaud 2010

Nez d’abord fermé, puis sur des aromes de fruits blancs (coing) à l’aération. Attaque en bouche un peu perlant et  sucrée, puis aromes de fruits exotiques (fruit de la passion) et fruits jaunes. Vin gras, mûr, peu acide (un peu de malo ?). Bien ++/Très bien (7 points)

– Domaine des Hautes Noëlles, Côtes de Grandlieu,  les Moineries 2010

Au nez, aromes de fruit à chaire blanche, pomme, miel. Bouche grasse, d’abord sur des amers et notes racinaires, qui se développe en s’élargissant sur le fruit. Vin pur et droit. Bien++/Très bien (3 points)

– Château de la Chauvinière, J. Huchet, granit de château Thébaud 2008

Beau nez fin, qui ne dévie pas. Attaque en bouche sur des amers, puis grosse acidité. Vin gras, mais un peu plat au niveau aromatique. Avec mon voisin, on se demande si la bouteille n’a pas eu un défaut et s’il  n’y aurait pas un léger bouchon. Bien ++ (0 point)

– Château de la Ferré, Vallet, Jérome Sécher, Vallet 2009

Pas pris de notes sur le nez (ce n’est pas bien !). En bouche, un peu chaud à l’attaque et présence de CO2. Ça pète bien ! Aromes de fruits du début à la fin ; avec une finale qui marque. Il y a peu de développement aromatique : ce vin est jeune et prometteur et mérite de s’assagir avec le temps. Bien++/Très bien (6 points)

– Domaine de la Pépière, Maisdon /Sèvre, Ollivier-Branger-Croix, cuvée 3 – 2009

Nez peu expressif, puis s’ouvrant sur des notes de pierre à fusil et de tilleul, puis citronnées et mentholées. En bouche c’est salin, avec des beaux amers et une très grosse acidité ; pour le moment la trame aromatique est très discrète et on distingue seulement des notes empyreumatiques (fumées). Ce vin aurait sans doute mérité un bon carafage. Gros potentiel à suivre. Bien++/Très bien (1 point)

– Château de la Preuille, St Hilaire de Loulay, famille Dumortier,  tête de cuvée 2005

Nez expressif sur le coing. En bouche c’est très mûr avec une sensation de sucre résiduel, sur des aromes de fruits exotiques qui commencent à tirer vers le rhum dilué. Bien++ (0 point)

– Domaine de la Poitevinière, Gorges, V. Rineau, 2004

Nez très évolué avec des notes d’armoire à pharmacie et de champignon. En bouche on retrouve cette impression avec un arome de colle. Mauvaises conditions de vieillissement ? Un problème de bouchon ? (0 point)

– Domaine de la Louveterie, la Haye Fouassière, Jo Landron, 2004

Nez d’abord fermé, puis notes balsamiques (thérébenthine) et enfin sur les agrumes. En bouche cela se tient, tout est en place. Ce vin, d’une belle tension, a gardé toute sa fraicheur. Finale sur de beaux amers. Très bien + (1 point)

– Château du Coing, St-Fiacre, famille Chereau-Ghunter, Comte de St-Hubert 1997

Point notable, la robe est très jeune (reflets verts).

Beau nez sur le fruit blanc confituré (pêche de vigne et poire), le zest confit et la propolis. A l’attaque on sent encore un peu de CO2 ; la bouche est ample, grasse avec un très bel équilibre acides/amers. Ce vin a gardé une certaine minéralité et on retrouve les saveurs d’agrumes ; final miellé. Très bien ++ (14 points, vainqueur du collectif)

Eric Guicheteau pour Verticadet

Compte-rendu : séance Ventoux

Ventoux est la 3e AOC du Rhône en volume, c’est une grosse appellation au rendement de base surprenamment plus élevé que les Côtes du Rhône générique. C’est une appellation vendue en grande partie en GMS et Hard Discount avec un réseau important de négociants et de coopérateurs polyculteurs. Mais c’est aussi une appellation riche en bons rapports qualité-prix quand on sait chercher les domaines intéressants. C’est un terroir adossé à la montagne et à ce titre un climat plus frais que dans la vallée du Rhône. Un terroir “d’avenir” comme le dit Sebastien Vincenti du Domaine de la Fondrèche en ces périodes de réchauffement climatique.

Ventoux, Domaine de Fondrèche, Persia blanc 2014

Abricot, poire et vanille fraîche, fleurs, légère réduction grillée. La bouche est fraîche, ronde en attaque, de légers amers, très floral en rétro-olfaction. L’ensemble donne un vin très  précis sur un modèle un peu réducteur… une sorte de Roussanne de Chablis. Très Bien + (9 points).

Ventoux, Domaine Alloïs, infiniment rouge 2013

Nez marin, volatile légèrement phénolé. La bouche est souple, un peu molle. Brettanomycès très présents en finale. Moyen (0 points)

Ventoux, Domaine du Pastre “L’instant Nat” 2014

“Sur le fruit” comme disent les cavistes. Nez avenant abricoté, la bouche est très souple, très légèrement moelleuse, assez gourmand, léger et facile. Se boit très bien. Un exercice “sans soufre” bien maîtrisé. (Le vin est jeune cela étant). Bien ++ (2 points)

Ventoux, Château la Croix des Pins 2012

Nez fruité, mure, truffe, très légèrement volatile sans gravité. En bouche le vin offre un équilibre classique. Une attaque en bouche légèrement moelleuse, le tanin est légèrement appuyé mais il reste souple et convivial. Léger et frais. Il se boit bien. Bien+/Bien++ (2 points)

Ventoux, Cave Aureto, Autan rouge 2012

Nez expressif de prune, de garrigue. L’attaque est ronde, élégante, la bouche est suave, gourmande. Une vinification très propre. On ne peut pas dire que ce vin a beaucoup de personnalité mais il offre une version propre et élégante d’un vin du Ventoux. Il ne décevra pas à table. Bien++ (2 points)

Ventoux, Domaine La Martinelle 2013

Nez fruité, un peu réducteur, la bouche est nette qui offre un tanin mieux structuré et plus fin que les autres vins dégustés à présents. Léger gaz carbonique en bouche peu perceptible mais qui permet une expression aromatique soutenue en rétro-olfaction (floral, violette). Un vin qui reste à la fois facile à boire mais bien mieux structuré que les vins qui ont précédé. Léger tabac en fin de bouche. Très Bien + (19 points – vainqueur du collectif ce soir).

Ventoux, Ferme Saint Pierre, Roi Fainéant 2012

Boisé marqué au nez, légèrement sucré (sucrosité de fût). Bouche dominée par le fût pour moi et la matière ne permet pas de le supporter. Je n’apprécie par beaucoup mais le groupe a apprécié. Bien (14 points)

Ventoux, Olivier B., Les Amydives 2012

Nez très expressif légèrement volatile de fruits cuits, pruneau macéré, tabac, qui dénote une maturité plus poussée que les précédents vins, une bouche assez cuite également, charnue, le tanin est très élégant, très serré. Les aspects murs et volatile peuvent en rebuter certains. Pour moi, c’est un vin dont l’élégante concentration dénote un travail consciencieux à la vigne. C’est un style qui fait un peu penser aux vins du Château des Tours. Longue rétro sur le pruneau cuit. Un vin très singulier au milieu des autres vins. Très Bien ++ (11 points)

Ventoux, Domaine du Tix, Cuvée de Bramefan 2012

Nez un peu vanillé. Le bois semble de qualité. La bouche est onctueuse, du tanin de bois, un légère sucrosité de fût mais le vin a de la mâche, de la tenue qui permet de supporter le bois. Un joli vin qui nécessite un peu de vieillissement  pour manger sa futaille. Très Bien (17 points)

Ventoux, Domaine des Cambades, Crépuscule 2012

Le boisé est assez marqué encore sur ce vin. L’attaque est assez sucrante. La bouche laisse une sensation d’extraction (ou de saignée un peu forte), la finale est marquée par des amers un peu dérangeants. Un vin qui n’est pas très élégant à ce jour. Bien (0 points)

Ventoux Château de Valcombe Epicure 2011

Nez balsamique marqué par de légères odeurs de gouache. La bouche est souple, le tanin très bien dessiné, structuré. Légèrement vif et bien tendu. C’est un vin doté d’un très bel équilibre en bouche. J’aurais apprécié un nez légèrement plus précis. Très Bien. (10 points)

Ventoux, Château de Fondrèche, Persia rouge 2011

Nez réducteur, grillé, torréfié. La bouche est ferme, matière fraîche et précise. Notes d’Eucalyptus, cannabis en rétro-olfaction.  C’est une jolie syrah sudiste… mais la Syrah sudiste n’est pas le vin que je préfère. Très bien. (10 points)

Verticadet Pressoirs à Long Fût : places libres

Vertivin démarre ce mardi 15 septembre ses activités par un atelier Verticadet dédié aux pressoirs à longs fût. Nombreux sont les participants qui attendent avec impatience de voir cette fameuse pièce monumentale du Château de l’Aunay.

photo Association culturelle Pierre Abélard; http://www.pierre-abelard.com/

J’ai peut-être une ou deux places disponible pour assister à cette séance. Pour réserver votre place contactez-moi (tarif adhérent 5€ – non adhérent : 7€)

Compte-rendu : séance Trousseau du Jura

Le dernier compte-rendu de la saison 2014-2015 aura trait aux Trousseau du Jura. Je n’ai pas trouvé le temps de le faire depuis le temps et pourtant ce compte-rendu me tenait à cœur tant la séance était de haute volée. S’il faut en rajouter, sur le Trousseau, il faut rappeler qu’il serait apparenté au Savagnin (ou Traminer) selon les dernières recherches ADN de l’INRA de Montpellier et qu’il n’aurait donc pas une origine du Sud-Ouest comme le pensait les ampélographes du début des années 2000. Il aurait été ramené dans le Sud Ouest mais aussi en Galice et au Portugal par des pèlerins de Compostelle. C’est un cépage marqué par sa structure tannique qui l’a souvent fait qualifier de cépage de garde. C’est un cépage enfin qui préfère avoir les pieds aux secs et de tous les cépages jurassiens c’est plutôt lui qui est planté sur les sols les plus drainants… ces fameuses Marnes grises ou bleues.

Côtes du Jura, Domaine Pignier, Trousseau 2013

Légèrement boisé, la bouche pinote agréablement. Souple, avenant, légèrement épicé en fin de bouche. Légère perception de gaz carbonique résiduel. Assez vif, pas excessivement tannique. Bien++/Très Bien (0 points)

Arbois Pupillin, Philippe Bornard, Le Trousseau 2012

Nez fruité, cerise, forêt noire, légère sensation sucrée en bouche qui laisse une impression de vinification en levure naturelle. La bouche est assez extraite ce qui fait ressortir des amers moins engageants. Finale sur le bois sec. Une sensation de bouche sur des tanins de rafle mais le nez est charmeur. Bien + (2 points)

Arbois, Stéphane Tissot, Singulier 2012

Nez assez peu expressif, fruits cuits, en bouche jolie densité, de la chair, un beau tanin mur précis assez présent très bien maîtrisé. Légère perception de gaz carbonique. Une impression générale de maturité ce qui n’empêche pas ce vin d’avoir une belle tension amère et structurante. Une vinification très soignée, très précise. Très Bien ++ (8 points)

Arbois, Jacques Puffeney, Les Berangères 2010

Nez floral assez discret au premier abord mais très exubérant en rétro-olfaction. La bouche est construite verticalement sur une chair juteuse qui s’effile sur une jolie tension. Complexe en bouche. La rétro-olfaction offre des notes de roses fanées, de grenadine et de fruits confits. Le tanin peut sembler assez rude. Moins travaillé que le vin qui a précédé, il n’en n’est pas moins serré. Très Bien ++/ Excellent. (6 points)

Arbois, Stephane Tissot, Singulier, 2005

Le nez est plus tertiaire. On sent du champignon blanc mais aussi des arômes de guignes mures, de fruits de bois, de myrtille. La bouche est assez riche, mure, presque chaude. Encore un léger CO² perceptible. Un joli tanin puissant et soyeux de belle garde… Très Bien ++ (14 points)

Arbois, Daniel Dugois, Trousseau Grevillière 2002

Sous bois, humus, champignon blanc, la bouche est suave, juteuse, douce, agréable parfaitement structurée. Foncièrement très jeune en bouche, tendu, long en bouche avec des arômes de fruits noirs patinés… de l’intérêt des vins avec un peu d’âge. Superbe. Très Bien ++/ Excellent (6 points)

Arbois, Jacques Tissot, Trousseau 1990

Beau nez kirsché, racinaire, bouche suave et compotée. Bien tendue. Pas vraiment de traces de vieillissement en bouche… humus en rétro. Très Bien + (9 points)

 Arbois, André et Mireille Tissot, Trousseau 1989

Nez cuit, champignon, évolué. La bouche est agréable, l’attaque moelleuse suivi par des tanins collants, très puissants. Une vinification très ancienne mode. La bouche est assez longue. Très Bien. (0 points)

Arbois, Camille Loye, Saint Paul 1988

Le nez est assez âgé, assez peu expressif. La bouche est juteuse, coulante, tanin encore légèrement accrocheurs mais qui se patinent. Très vif en finale. La vivacité offre une belle tension. Palette aromatique patinée longue en rétro-olfaction, cèdre, havane et fruits secs. Très Bien ++ (8 points)

Compte-rendu de dégustation : vins oranges

Compte Rendu de la séance Salivertivin dédié aux vins Oranges.

Rappelons que les vins orange sont des vins blancs issus de raisins blancs à qui on a fait subir une macération comme pour un vin rouge. Les usages en matière de macération et d’élevage sont extrêmement variables. Certains vins reproduisent la méthode géorgienne classique (6-8 mois de macération-élevage en amphore, d’autre limitent le temps de macération (ce qui ne limite pas les tanins pour autant : la durée de macération suit une courbe de Gauss en terme de perception tannique), donc encore font des élevages en fût, en cuve plus ou moins long pour adoucir les tanins après la macération. Au final, ce fut une soirée très variable. Il y a eu de jolies choses mais faire un vin orange ne doit pas faire oublier ni la matière première ni le soin à apporter à la vinification. Clairement, même avec une large ouverture d’esprit certains vins étaient compliqués à goûter : des erreurs ou négligences de vinifications dans de nombreux cas.

Pays nantais, Domaine de l’Ecu, Faust, 2013
(Chardonnay / macération et élevage en amphore 8 mois)

Thym, Eucalyptus, fruits secs. Vif. Les tanins n’interviennent qu’en finale ; Bien ++/ Très Bien

Géorgie, Pheasant’s Tears Tsolikauri 2012
(Tsolikauri / macération élevage 6 mois en amphore)

Nez de médicament, oxydatif, sparadrap, assez vif. Très phénolé. Dommage. Moyen/Bien

Côtes du Rhône Brézème, Domaine de Pergaud, Eric Texier, Vielle Roussette
(cépage Roussane, 1/2 macération amphore 6 mois / 1/2 pressée directe, élevage 12 mois en fût)

Grillé, réducteur, gazier, boisé. Le tanin n’est pas perceptible. Bien

Géorgie, AB Wine, Tsarapi 2012
(Cépage Rkatsiteli, macération et élevage 5 mois en amphore)

Nez fruité, aromatique, mangue, Noilly Prat, tabac blond. Tanin strict. Très Bien

Géorgie, Vinoterra, Mtsvane 2011
(Cépage Mtsvane, Macération et élevage 6 mois en amphore)

Eucalyptus, café, torréfié, tanin marqué, sensation d’alcool. Vif. Bien+

Espagne, Celler Escoda Sanahuja, Els Bassots 2011
(cépage Chenin, macération d’un mois, élevage 4 mois en fût de chêne)

Arome d’éthanal marqué…. Comme un chenin très mur. Un vin qui a la structure du chenin, sa vivacité. Le tanin est ferme, un poil rugueux. Un joli vin. Très Bien+

Coteaux de Béziers, Emile et Rose, Voyage en Terre Géorgienne
(Carignan blanc, macération 6 semaines en amphore)

Un joli vin au nez fruité d’abricot et de mangue mure. Le tanin est léger et bien intégré. Très Bien+

Photo: www.vinsetonnants.com

 

Italie, Frioul, Skerk, Ograde 2011
(Vitovska, Malvasia, Sauvignon et Pinot Gris, macération 15 jours, élevage 12 mois en cuve bois)

Nez aromatique, muscaté, vanille cuite. En bouche le tanin se montre discret mais élégant, très doux. L’amertume assez notable porte la fin de bouche. Très joli vin. Très Bien ++

 

Italie, Frioul, Dario Princic, Ribolla Gialla 2009
(cépage Ribolla, Macération 25 jours, élevage trois ans en vieilles barriques)

Nez de chouchen assez volatile pour ceux qui y sont sensibles. La bouche est très agréable, dense, le tanin crayeux et poudreux. Légèrement phénolé en rétro-olfaction toutefois. Bien++/ Très Bien

Italie, Frioul, Radikon, Ribolla Gialla 2005
(Cépage Ribolla, macération de 4 mois)

Nez violemment acescent (colle), vinaigre, acidité volatile perforante, la bouche est dominée par l’acidité et l’aigreur du vinaigre. Clairement imbuvable.

Slovénie, Simsic, Sauvignon 2000
(Sauvignon, macération 7 jours)

Nez fatigué, bouche oxydative, brou de noix, légèrement sucré, rétro-olfactions de soja et de caramel. Bien ++

Bushido, La Sorga 2011
(65% de petit Manseng – macération 28 jours, élevage en vieux bois sous voile)

Nez puissant de souris morte. Tanin strict, oxydatif, assez plat. Cela doit s’appeler la “maladie de la Tourne” en vinification… bon très Moyen

 

Compte-rendu de dégustation : les vignobles oubliés.

 

Introduction :

L’étude des vignobles oubliés  commande d’être replacée dans une perspective plus large,  qui intègre notamment une vague inédite  de replantation de la vigne, très active  à la fin de la décennie 90 et au début des années 2000.Il en résulte un savoureux paradoxe, lié à la jeunesse de leur résurrection,  pouvant assimiler ces  créations  à des terroirs neufs bien qu’ils relèvent d’une   histoire beaucoup plus ancienne. Pour l’exemple, le vignoble de Flavigny-Alésia  replanté en 1994, est mentionné  dans le classement de la « bataille des vins » d’Henri d’Andeli, poème du 13ème siècle  consacrant la première hiérarchie officieuse du vignoble français.

Le plus souvent, le phénomène concerne d’antiques vignobles d’abbaye à l’apogée  de leur prospérité au  Moyen Âge. Les causes du déclin et de leur  quasi disparition  sont multifactorielles. Bien évidemment, la crise du phylloxera à la fin du 19ème siècle,  apparaît comme l’élément déclencheur. Au demeurant, leur replantation est  hypothéquée par la conjonction de plusieurs handicaps : déprise rurale, concurrence de vignobles productivistes (Languedoc et Algérie).S’ajoute un  isolement géographique et commercial lié à leur  exclusion  des grands axes de circulation que l’axiome de l’agronome Olivier de Serres  pointe en obstacle rédhibitoire :

« Si n’êtes en lieu pour vendre votre vin, que feriez-vous d’un Grand Vignoble »?.

Au sein de ce mouvement de replantation, il convient de distinguer les plantations ex-nihilo dont la dimension pionnière est particulièrement louable, tant l’entreprise de création d’un vignoble sans antériorité historique revêt une grande  part de risque et d’inconnue. A cet égard, il y a lieu de rappeler le cadre  très contraint de la réglementation relative au droit de plantation (Décret de 1953) sur les  projets de création de terroirs « neufs ». La fébrilité historique du commerce du vin, scandé par les  crises récurrentes  de mévente et de surproduction, explique le zèle des pouvoirs publics à réguler au mieux  ce marché notoirement instable.

Pour rappel, la  libéralisation du marché vitivinicole prévue par la nouvelle Politique Agricole Commune de 2008   a été âprement combattue par  deux  rapports parlementaires (Fabre 2008) (Vautrin  2010) .De conserve, les rapports défendent les vertus de la réglementation de 1953 garante d’une    « exigence d’encadrement de la production et de protection des aires d’appellation d’origine en évitant  leur accroissement incontrôlé ». Une  vieille Préoccupation  rappelant « la fureur de planter » de l’Intendant Boucher au XVIIIème siècle !

Malgré les résistances et le soutien unanime de la classe politique, au 1 er janvier 2016, les droits de plantation se transformeront en autorisation de plantation avec un assouplissement de l’ancien régime qualifié de « système simple et efficace » par madame Vautrin et « d’outil éprouvé et moderne de gestion harmonieuse du potentiel viticole européen » par madame Fabre.

Il reste que le vigneron  devait affronter un parcours paperassier  de deux années pour faire aboutir une demande de plantation auprès des autorités de tutelle chargées tour à tour de son instruction(  Douanes, Onivins, INAO).

Le transfert de droits issus d’une exploitation tierce, située dans l’aire d’appellation,  était  la procédure la plus usitée pour créer un   nouveau  terroir sous le régime cadenassé du droit de plantation. Il est vraisemblable que l’évolution réglementaire en cours  donnera    naissance à une seconde vague de créations, plus spectaculaire, car en dehors du périmètre territorial des aires  d’appellation d’origine. Les prodromes de cette tendance  se lisent déjà dans la plantation du terril d’Haillicourt  dans le Nord,  quoique nous restions encore dans le cadre assez sage du vignoble pédagogique et associatif …

En contrepoint, le projet commercial de Louis Chaudron (ouvrier viticole  chez Marc Pesnot en Muscadet), qui s’apprête à faire revivre la vigne de la presqu’île de Rhuys en Bretagne, pourrait marquer une vraie rupture. Néanmoins, « la nouvelle frontière » de la vigne bretonne reste suspendue à l’application en 2016, de la  réforme du droit de plantation.

Sans nul doute la tâche s’annonce  prométhéenne,  mais comme le rappelle le grand historien Roger Dion,  de telles entreprises préparent peut être les grands vins de demain :

« Dans l’ensemble, c’est bien la résistance aux contraintes physiques qui prévaut, et c’est à elle que nous devons les parties les plus précieuses de notre patrimoine viticole car  il va de soi que si les fondateurs de nos vignobles avaient été aussi dociles qu’on le dit aux suggestions de la nature, la vigne se serait cantonnée au pourtour méditerranéen »

 

Domaine des Hauts de Talmont , brut de colombard , 2010

Présentation du vignoble :

Le Domaine des Hauts de Talmont est né en 2003 sur l’intuition de Michel Guillard, le fondateur    avec Jean Paul Kaufmann de la revue «  l’amateur de Bordeaux ». Ce dernier,  voit dans  la falaise du Caillaud, en vis-à-vis avec le ravissant village de Talmont et son église romane emblématique (Sainte Radegonde),  le site idéal pour faire revivre un vieux cépage charentais  évincé par l’ugni blanc : le colombard.

Il faut bien admettre que le paysage a du souffle, à la faveur de certains couchers de soleil, la falaise de calcaire du Maastrichtien oscille entre une blancheur immaculée et des reflets jaunes ocres. Michel Guillard s’est abouché à deux autres associés : Lionel Gardrat du domaine éponyme, vinificateur  d’un domaine charentais  et Jean-Jacques Vallée .Ce dernier est un homme clef dans la réussite commerciale du domaine. L’ancien directeur Marketing du groupe Picard (surgelés) a su  jouer  astucieusement la carte de la vente directe, attendu que la cité de Talmont est fréquentée  chaque année par  600 000 visiteurs …

La situation de bord de mer influe sur la personnalité des vins, au style résolument incisif et acidulé qui détonne dans un panel de vins blancs charentais quelque peu déprimant (vin de  marque Thalassa de la coopérative d’Archiac )

Dégustation : Un lot (1200 bouteilles) du millésime 2010  n’a pas été commercialisé pour prolonger  le vieillissement sur lattes ( 4 ans)  dans les caves  troglodytes de la maison Lateyron à Montagne saint-Emilion. Le dégorgement remonte à 6 mois (toute proportion gardée, la philosophie du RD  récemment dégorgé  de Bollinger guide  la démarche). Cette Méthode traditionnelle non dosée dévoile une expression très épurée du colombard  avec une orientation aromatique qui se déporte sur des notes d’infusion sur un fond  vivace et fringant. Très apprécié pour sa fraîcheur et sa pureté.

 

photo : Vignoble Les Hauts de Talmont

IGP coteaux de l’Auxois, Domaine  de Flavigny-Alésia , auxerrois, 2010

Histoire du domaine : Le vignoble de l’abbaye bénédictine de Flavigny situé dans l’Auxois, florissant au 9ème siècle grâce à sa situation d’étape sur le chemin de Saint -Jacques-de- Compostelle, atteint une superficie de 480 hectares au faîte de son développement vers 1820. Le phylloxera  met un coup d’arrêt brutal  à son expansion. La  replantation du vignoble en 1994  est instiguée par un notaire, mais sa mort prématurée malmène la fragile renaissance de ce vignoble.

De manière providentielle, son œuvre est reprise par une improbable femme d’affaire mahoraise Ida Nel (d’origine sud-africaine) très influente à Mayotte car détentrice de sociétés  d’import/export à Mayotte et en Afrique du Sud  .Ida Nel a  investi massivement dans cette propriété et assure depuis lors la diffusion des vins,  dans ses établissements hôteliers de l’océan Indien !

La vigne est établie au fond d’un vallon, en contrebas du village de Flavigny, accrochée à des coteaux  accusant une très forte déclivité. A noter le choix de la conduite en lyre susceptible de  conquérir un surcroît de maturité dans une région septentrionale  pouvant se montrer avare en ensoleillement. Moins productive qu’une vigne  basse taillée  en guyot simple, couramment rencontrée en Bourgogne, ce palissage en  deux  plans ouverts améliore la surface foliaire exposée et en conséquence le travail de photosynthèse,  source  de l’apport en sucre du raisin. Des études montrent également les bienfaits prophylactiques du palissage en lyre sur l’occurrence des maladies cryptogamiques, en raison d’une meilleure ventilation des baies et de leur hauteur.

Dégustation : 

Le vin est présenté dans un flaconnage atypique, une bouteille italienne  en forme de bulbe appelée « Sabine-fleur ». Le cépage lorrain est le résultat d’un croisement entre le gouais blanc (quasiment disparu)  et le  pinot noir. Il se complaît avec une certaine réussite  sur le terroir des côtes-de-Toul, mais  en Alsace sa personnalité est  noyée  dans l’assemblage du terne edelzwicker et le crémant.

Si le nez se fait plutôt discret, le vin tend à s’imposer en bouche  en préservant son équilibre. Une certaine attention est nécessaire pour trouver sa complexité aux détours  de senteurs tubéreuses et d’arômes légèrement pétrolés. Indéniablement, le cépage démontre sur ce millésime 2010 une réelle aptitude au vieillissement, exempt de signes d’évolution manifestes, cet auxerrois affiche la vaillance d’un riesling  avec une pointe de chaleur en plus. A l’égal du sylvaner, l’auxerrois mériterait une réhabilitation  sur le terroir alsacien en lui donnant l’exclusivité dans une cuvée mono-cépage.

 

Les côtes de la Charité ( IGP)

  • Domaine du Puits Compostelle , Chardonnay 2011
  • Domaine Alphonse Mellot ,les Pénitents, 2010

Présentation : Les côtes de la Charité  situées dans le département de la Nièvre, se rattachent  administrativement au domaine ligérien. Le vignoble voisine (30 km à vol d’oiseau)) avec de prestigieuses appellations : Sancerre et Pouilly-Fumé dévolues au sauvignon. Pourtant, ce micro vignoble d’une centaine d’hectares partage de réelles accointances avec la Bourgogne dont il est séparé par la césure forestière du massif du Morvan. Le choix des  cépages, chardonnay et pinot noir,  la présence de calcaires à entroques similaires à certains terroirs de la côte de Beaune, démontrent la coloration bourguignonne de ce terroir. Contrairement au Sancerrois ou la vigne omnipotente  peigne chaque colline, les côtes de la Charité prennent la forme d’un paysage viticole  de la  reconquête. La vigne se découvre au gré d’îlots épars, entrecoupés de grandes étendues remembrées (cultures fourragères de plein champs ou terres de pacage). Cette présence résiduelle de la vigne traduit une mutation paysagère profonde,  qui a vu sa disparition progressive après la seconde guerre mondiale  .En 1860, le docteur Guyot chargé d’établir un recensement du patrimoine viticole recense 1500 hectares de vignes, en 1980, la vigne  agonisante ne couvrait plus qu’une vingtaine d’hectares…

Ce vignoble a pourtant prospéré au  Moyen âge  grâce  au rayonnement de  l’abbaye Notre Dame de  la Charité, « fille » de Cluny,  et au  passage de la via Podensis , itinéraire de pèlerinage en partance du Puy-en-Velay. Selon un schéma assez classique, le vignoble s’est relevé péniblement du phylloxera qui a ravivé de plus belle l’exode rural , dans une région aux prises  avec une crise  démographique déjà  amorcée. La replantation en hybrides  a également précipité  son déclin. L’activité viticole moribonde dans les années 70 et 80, va  subsister sous forme d’une viticulture familiale cantonnée aux besoins de l’autoconsommation. Durant cette période, la qualité s’est considérablement avilie. Le regain intervient sous l’action d’un noyau de vignerons qui créent l’Union viticole de la Charité, le terroir  accède à l’IGP coteaux Charitois en 1986, le début d’une longue renaissance… De nos jours, la vigne  reprend ses droits sur les coteaux les mieux exposés, laissant les pâturages dans les fonds  de vallée alors que les parties sommitales des collines sont occupées par une couverture forestière.

 Dégustation : La dégustation met en regard deux interprétations  très dissemblables du chardonnay de ce terroir. Le vin d’Alphonse Mellot est clairement influencé par les préceptes de l’école bourguignonne, tandis que le vin du domaine du Puits Compostelle cherche à préserver davantage  l’expression variétale du cépage et  du terroir.

IGP Côtes de la Charité, Domaine du Puits Compostelle, chardonnay 2010 : Micro exploitation de 3 hectares créée par Emmanuel Rouquette l’ancien vinificateur de la cave des Hauts de Seyr  (donc l’ancien vinificateur des Pénitents !)qui ne se reconnaissait plus dans le travail de cette importante cave.

Le vin est élevé 1 année sur lies fines dans des fûts affranchis qui ne marquent pas. A la dégustation  le boisé affleure à peine, belle ampleur, charnu mais relativement élancé, avivé par une franche acidité bien intégrée.

 

IGP Côtes de la Charité, Les Pénitents, Domaine Alphonse Mellot, 2010.

Cette cuvée   vinifiée dans les installations de la cave des Hauts de Seyr  est le vin porte-drapeau de la résurrection des côtes de la Charité, aidée sans conteste par la grande réputation de la maison Mellot. Les millésimes 2009 et 2010, pour le pinot noir et le chardonnay, signent de très belles réussites. Pour autant, la dégustation du millésime 2011 dévoile un vin  à la finale  soufrée qui trahit un élevage sans doute mal conduit, manifestement son évolution s’accélère, proche de la fin de vie, pour un 2011 c’est un peu court !

 

Vin de pays de l’Aveyron, « Les Anciens », Rols et Rols , 2013 ( Syrah, cabernet franc ,cabernet sauvignon)

Aux origines, le vin de Conques est né  dans le sillage de l’Abbatiale de Sainte-Foy-de-Conques pour les besoins de la célébration de l’Eucharistie, le passage du chemin de saint Jacques de Compostelle lui assure un débouché garanti. Le vin de Conques  étanchera également la soif des mineurs de Decazeville au milieu du 19ème siècle,  avant d’être frappé  par le phylloxera. Le site est grandiose, le  cours impétueux du Dourdou a creusé des vallées profondes aux pentes recouvertes par la châtaigneraie et la friche forestière. En 2003, Patrick Rols, natif d’un vallon voisin, fonctionnaire à la chambre d’agriculture de Rodez, entreprend la replantation herculéenne du coteau surplombant l’abbaye. Il  arrache à la forêt 6 hectares, reconstitue les terrasses et  accouche de son premier grand millésime en 2009 avec la cuvée les « Anciens ».

Dégustation :

Le vin de Conques opère une synthèse insolite entre des cépages atlantiques  et  la syrah sudiste  que l’on retrouve dans des vignobles en situation de confluence climatique (Cabardes notamment avec le merlot) .Ce millésime 2013 s’est révélé compliqué en raison d’une forte pluviosité. Avec des jus moins concentrés qu’à  l’accoutumée, Patrick Rols a eu l’intelligence de moins élever son vin et surtout de pratiquer une extraction modérée pour suivre  le sens du millésime. Au prix d’un gros travail de sélection, il obtient un savoureux vin de soif, doté d’une concentration de bon aloi et de beaucoup d’allant.

 

Vin de pays du Périgord, domaine de la Voie Blanche, les Joualles, 2011 (merlot, cabernet franc, fer-servadou en résiduel)

Présentation : Le déclin  inexorable des vignobles du Périgord Noir (au sud-ouest de Sarlat)  remonte  à la crise du phylloxera. Certes le cru de Dommes  sur les coteaux argilo-calcaires du Ceou  a resurgi (1996) sous la houlette d’une poignée de vignerons regroupés dans une structure coopérative, mais la région a subi un profond recul de la vigne jusqu’à son extinction. A contre-courant de ce lent reflux, Marc Dalbavie et sa femme se sont lancés dans la replantation  en 2006, sur les hauteurs de Saint Cyprien.  Les vignes sont établies sur un sol d’argiles ferriques et l’une de leur cuvée (les Joualles) réhabilite de manière expérimentale, un ancien mode de cultures associées laissant coexister des cultures intercalaires (légumineuses)  avec la vigne.

Dégustation : Robe  noire, très extraite (résultat de  la technique de la macération pré-fermentaire à froid ?) Le nez est assez « prenant », riche, sur des senteurs de fruits à noyau derrière un fond légèrement terreux. Pour un vin du sud-ouest, le vin se distingue par une acidité peu commune, laquelle   balance une matière très présente. Assurément son mordant  lui donne  un  réel atout dans l’accompagnement d’une cuisine roborative de la région, sans tomber  dans la lourdeur.

 

IGP vin de Pays de Vendée, domaine du Prieuré la Chaume, Orféo, 2010 (merlot et cabernet sauvignon , un résiduel de négrette)

Présentation : Le vignoble du Prieuré la Chaume   est né en 1997, planté sur un coteau d’une   ancienne île calcaire de l’ancien golfe des Pictons. Christian  Chabirand a fait le choix du merlot suite à son rejet de l’appellation Fief-Vendéen Vix pour non-conformité pédologique (calcaires à ammonites) de son terroir au regard des critères de l’AOC de l’époque.

Dégustation :

La cuvée Orféo 2010  est une heureuse synthèse entre les cuvées les plus élevées (Primae Domini ) et  le vin de fruit du domaine (Bel canto).Comme en témoigne le nom de ses cuvées,  Christian Chabirand est un vigneron lettré et érudit , il a , sans verser dans un intellectualisme nébuleux , mis en perspective sa philosophie de travail  dans le concept du  « vin de mémoire ». En sorte que ses vins sont vinifiés à dessein de retranscrire dans le temps la signature du terroir. Il est ainsi ,l’un des rares vignerons  de Vendée à vinifier des vins au « long cours »  avec une ambition de garde déclarée. La cuvée Orféo s’ouvre  sur le millésime 2010 au travers d’un nez au fruit surmûri  tirant sur la liqueur de cassis, en bouche, sa richesse contrecarre des tanins fermes mais nullement anguleux, finale épicée assez magistrale. A noter la grande réussite de ce millésime sur les précédents qui peuvent  être affectés par d’inopportunes senteurs de brett…

 

Coteaux D’engravies , Solo Syr , 2011, syrah,(600 bouteilles)

Présentation : Ce vignoble de l’Ariège  est à la  croisée  climatique   entre les influences  atlantiques, montagnardes, languedociennes. Les vignes  tirent parti de l’effet de foehn, un vent descendant  relativement chaud assez présent  sur  l’arrière-saison,  gageant des  maturités plus abouties.  Les vins de Pamiers expédiés  à la cour de Philippe le Bel vont connaître une certaine notoriété au Moyen Âge. Mais l’enclavement de ce vignoble de montagne, à l‘écart des grands axes de communication  joue en sa défaveur. Après le passage du phylloxera, la région périclite en dépit de son avant-gardisme : la taille très qualitative en cordon de Royat  ainsi que la vinification par gravité  ont  été inventées et expérimentées dans l’Ariège (au domaine de Royat). Le vignoble resurgit en 1998 grâce au couple Babin.

Dégustation Solo Syr 2011 ( 600 cols) : Une cuvée parcellaire ultra confidentielle qui isole le fruit des meilleurs millésimes. Le vin  est élevé 18 mois sous les effets de  de l’oxygénation ménagée afin de polir au maximum les tanins. En conséquence, il requiert une aération de 2 heures pour dissiper l’influence d’un élevage quelque peu réducteur. Après carafage, le fruit se montre opulent  et épicé sans la lourdeur et le caractère empâté d’une syrah écrasée par le soleil. Tout l’intérêt de ce terroir est de proposer  une syrah de  montagne en mesure de prodiguer la fraîcheur  salutaire en alternative aux régions sudistes.

Conclusion: Je laisse à la plume de Roger Dion le soin de rendre hommage à ces pionniers de la vigne :

« Le spectacle de la création d’un vignoble de qualité en terrain neuf  est devenu  chez nous, depuis longtemps déjà, chose si rare, que nos contemporains ne se représentent plus ce qu’il faut de labeur et d’ingéniosité, en pareille entreprise, pour contraindre la nature à donner ce que jamais, elle n’eût offert à l’homme. Il appartient à l’histoire de nous en rendre le sentiment »  Roger Dion.

Pour Vertivin  Frédéric Brégeon