Vertivin remercie Jacques Carroget de son exposé sur la démarche « Vin Méthode Nature » : une approche qui a le mérite de clarifier une notion non contrôlée aujourd’hui. N’importe qui peut appeler son vin « nature » même le pire des négociants conventionnels qui sulfite à mort un raisin d’origine douteuse. Le label permet de donner un cadre au consommateur. Dommage qu’il soit encore si peu usité.
Voici donc une séance sur des vins de melon de bourgogne sans soufre ajouté. Nous nous sommes fournis à la fois chez des cavistes et chez les vignerons. Les cavistes ont tendance à vendre du «sans soufre ajouté » comme un argument marketing. Les vins sans soufre ont une valorisation financière assez stupéfiante pour des vins théoriquement «instables » (« vivants » comme ils disent). De ce fait ils ont tendance à vendre des « vins sans soufre ajouté » qui ne le sont pas vraiment. Navré si certains vignerons reconnaissent des cuvées dans lesquelles un peu de SO2 ont été rajoutés. Ce n’est pas de notre faute…
La valorisation financière des vins sans soufre est inquiétante. Vu l’effort que réalisent les vignerons qui font des crus parfois communaux du Muscadet avec de très faibles rendements, des élevages longs et parfois une viticulture bio à 10-12€ et retrouver des vins sans soufre instables qui n’ont pas de cahier des charge aussi exigeant, à 20, 30€, cela doit écœurer plus d’un vigneron.
Evidemment, les vins natures ont quasi tous des fermentations malolactiques (l’usage du soufre permet de les bloquer). Nous avons donc des vins moins acides, plus ronds, plus lactés aussi.
Et puis évidemment nous avons des vins instables… les variations de bouteilles ou la période à laquelle les vins sont goûtés, influent beaucoup sur leurs qualités ou leurs défauts. Nos sensations à l’instant T ne reflètent pas les sensations à l’instant Y d’un autre dégustateur sur une autre bouteille.
Comme pour la plupart des vins natures, nous avons environ 2/3 de vins dotés de défauts rédhibitoires. Et 1/3 de vins où on trouve du plaisir avec cette texture en bouche si particulière des vins sans soufre. Quelques vins sont particulièrement bons… mais pas de grosses surprises : ce sont des vignerons déjà connus du circuit (François Ménard, Jean-Baptiste Hardy, Stéphane Orieux). Des vins plus « jurassiens » de vignerons conventionnels (Louise Chereau et Foliette) méritent l’attention. Désolé pour les copains dont les vins ne sont pas très bien ressortis… C’est le jeu ma pauvre Lucette…
Dégustation en aveugle.
Commentaire express | Notation personnelle | Notation collective | ||
Muscadet de Sèvre et Maine sur lie, Domaine des Noés, No Soufre 2020 | Peu aromatique, assez finement oxydatif, matière moyenne, amers +, vif, pas très complexe | Bien + | 4 points | |
Vin de France, De Vini (Christophe Bosque), Divin Poison 2020 | Puissante réduction, aromatique compliquée, vif, assez léger | Moyen | 0 points | |
Muscadet de Sèvre et Maine sur Lie, Inspirations par François Ménard, Contre Courant 2021 | Aromatique, poire fraiche, léger gaz résiduel, frais précis, assez classique. | Très Bien | 5 points | |
Muscadet de Sèvre et Maine sur lie, Les Vins de Lavie, Lavie Le Vaurien 2021 | Oxydatif, amande, acidulé, léger gaz, plutôt agréable à boire. | Bien ++ | 2 points | |
Vin de France, Pétouin et Enragé, Melon | Réducteur, yaourt, limite du tolérable, beaucoup de gaz perlant (fermentation malo en bouteille ?) | Moyen + | 2 points | |
Muscadet, Vices et Vertus, Louise Chereau, Katharos 2019 | Odydatif, assez gras, épais, peu d’acidité | Bien | 6 points | |
Vin de France, Christophe Bosque, Gabbrodo 2020 | Très trouble, trrrès nature, mercaptan, thym, herbes fraîches, gaz carbonique, très acide. Cinglant | Moyen | 1 point | |
Vin de France, Stephane Orieux, Eonios 2020 | Réducteur qui part à l’aération, ample, riche, assez riche, onctuosisté « sans soufre » | Bien ++/Très Bien | 4 points | |
Vin de France, Jocelyn Staderoli, Ma Muse Cadette | Pharmaceutique, thérébenthine, vif, pas très gras, légers amers | Moyen +/Bien | 0 points | |
Vin de France, Domaine de la Foliette, L’insolite n°4 | Fortement oxydatif, assez proche du Katharos de Louise Chereau, gras, épais. Agréable mais dans un style où l’éthanal est marqué. Jurassien. | Bien + | 8 point | |
Vin de France, Domaine des trois toits, Cyrus 2021 | Tisane, fortement pétillant, assez simple, acide, un peu dur. | Moyen + | 0 points | |
Vin de France, Michel Bedouet, Ergo Sum 2020 | Très réducteur, très trouble, gras, acidulé, pas mauvais mais spécial… | Bien | 2 point. | |
Vin de France, Les Arpentis, 2020 | Malo très marquée, caramel, oxydatif. Déviant. | Moyen | 0 points | |
Vin de France, Complemen’Terre, Le Breil 2020 | Frais, pharmaceutique, pétillant, présence de brettanomyces | Moyen | 2 points | |
Muscadet, Domaine des Galloires, La Longère 2021 | Mur, café, Un peu chaud, café, pas très épais. | Moyen + | 4 points | |
Vin de France, Domaine de l’Ecu, Carpe Diem, 2020 | Pharmaceutique, sparadrap (Bret), acescent, pourtant bouche intéressante, bonne matière, assez épaisse. Style assez mur. | Moyen + | 2 points | |
Muscadet, Jérome Bretaudeau, Granit, Clos des Perrières 2020 | Nez assez droit, aromatique, bouche épaisse, belle consistance, maturité qui nous a orienté vers les granits du secteur de Clisson. | Bien ++/Très Bien | 3 Points | |
Muscadet de Sèvre et Maine sur Lie, Jean-Baptiste Hardy 2020 | Belle épaisseur, beaucoup de volume en texture | Très Bien | 7 points |
Je n’ai pas reconnu notre bouteille, je veux croire a un defaut 🙁
mais bcp de vins se goutaient mal, anormalement mal pour en avoir dégusté certains peu avant (temps d’aeration trop long pour des vins fragiles ?).
Toujours est il que je te rejoints : les vins de F Menard, J Bretaudeau, et JB Hardy semblaient au dessus de la mêlée dans des styles différents (aromatique et fleurs blanches pour le 1er, exotisme et minéralité pour le 2e, muscadet plus “typîque”, ciselé, cire d’abeille pour le dernier.