Cette soirée Anjou blanc du 17 mars 2022 fut animée par Patrick Beaudoin que nous remercions chaudement de sa présence.
Le propos liminaire de Patrick Beaudoin était de nous rappeler que les appellations d’Anjou (Bonnezeaux, Coteaux du Layon , Quart de Chaume) produisaient, dans les années 50, des vins secs comme des vins liquoreux : des liquoreux quand les brumes automnales permettait l’apparition du botrytis ; des secs quand il n’y en n’avait pas. Les appellations d’Anjou étaient logées à la même enseigne que les AOC Vouvray ou Montlouis et pouvaient produire des vins des deux types.
Jusqu’à ce qu’un fonctionnaire zélé juge illisible pour le consommateur d’avoir une seule AOC pour des niveaux de sucre différent. Donc les AOC Chaume, ¼ de Chaume, Bonnezeaux et coteaux du Layon ont basculé en moelleux. Anjou et Savennières en sec.
La demande s’effrite pour les vins liquoreux, le réchauffement climatique rend plus rare les brumes automnales. Les prestigieux terrains de Bonnezeaux ou Quart de Chaume ont de moins en moins souvent les degrés nécessaires pour produire des liquoreux. Deux possibilités : soit on chaptalise pour produire des moelleux, soit on fait de l’Anjou sec : l’AOC régionale. Des solutions assez peu satisfaisantes.
Devant le refus de l’INAO d’avoir des doubles AOC sec/liquoreux, une soixantaine de vignerons est donc parti avec l’idée de créer des sortes de premiers crus pour les Anjous blancs secs : noble démarche mais qui ne plait pas à tout le monde (seules les appellations communales disposent de premier cru ; pas les régionales) Foin, les vignerons tentent leur coup. La 1ere étape : identifier des parcelles : Ronceray, Zerzilles, Bonne Blanche… (par exemple : un quart de Chaume sec s’appelle Ronceray). Une aventure collective se met en place et qui rassemble, chose n’est pas si fréquente, d’excellents vigneron, vignerons plus traditionnels et négoce (Château de Fesles propriété des Grands Chais de France /Lacheteau).
Patrick Beaudoin nous rappelle aussi que les recherches ADN ont abouties concernant le cépage Chenin et que le père du chenin serait le Savagnin (ou traminer) et la mère le Frioulano (ou Sauvignonasse)… ce que j’ignorais. Et ce qui confirme que les cépages du Val de Loire sont des voyageurs.
Globalement les vins goûtés de l’AOC Anjou Blanc goûtés ce soir sont d’un très bon niveau. Le prix s’en ressentent.
Dégustation en aveugle.
Anjou blanc, Domaine Ogereau, les Bonnes Blanches 2020
Nez encore un peu fermé sur des notes de fruit et de chêne.la bouche est grasse, précise avec de puissants amers et un élégant caractère acidulé. Un beau vin en devenir. On commence très fort. Très Bien + (12 points)
Anjou blanc, Domaine des Terres Blanches, 2020
Nez de poire, de planche grillée, la bouche est ronde, large doté d’une fine amertume, d’une acidité en retrait et avec un caractère oxydatif plus marqué. Bien ++/Très Bien (1 point)
Anjou blanc, Domaine Pierre Ménard, Clos des Mailles 2020
Nez très expressif de menthe, d’anis, de poire. Notes végétales de feuilles. C’est un vin vif moins mur que d’autres vins. C’est un choix qui se respecte. En revanche, j’ai une impression de léger phénol qui rend l’expression moins précise. Bien++ (2 points)
Anjou blanc, Domaine des Deux Vallées, Clos de la Casse 2018
Nez classique poire-chêne, bouche chaude (2018 !), crémeux, charnu, modérément amer, modérément vif. Intéressant mais pas d’une complexité folle. Le 2017 du domaine était meilleur. C’est toutefois un bon exemple qu’il existe encore de bons rapport qualité-prix en Anjou ( il coûte un tiers du prix des autres vins)… mais il faut faire l’impasse sur le bio… Bien ++ (5 points)
Anjou blanc, Domaine Bablut, Petit Princé 2017
Grillé, poire tapée, coing. Un vin très expressif aromatiquement. La bouche est grasse, avec une belle épaisseur, très gourmand tout en restant assez délicat. Un vin précis. Très Bien (1 point)
Anjou blanc, Domaine de la Bergerie, Zerzilles 2017
Nez encore un peu fermé sur la barrique, bouche très intense, concentrée, épaisse, puissants amers, acidulé, rétro sur des arômes de barrique assez élégants. Très Bien +/Très Bien ++ (7 points)
Anjou blanc, Domaine Patrick Baudoin, Le Cornillard 2017
Un bel équilibre juteux, acidulé, vif. Un caractère plus incisif, plus tendu. Un bel équilibre mais parallèlement un peu moins concentré que le vin qui a précédé. Très Bien + (5 points).
Anjou blanc, Domaine des Grandes Vignes, La Varennes de Combre, 2016
Nez lacté, oxydatif, bouche onctueuse, amers puissants, vif, voire très vif. Rétro très oxydative (noix) Bien ++ (12 points)
Anjou blanc, Château Pierre Bise, Hauts de la Garde 2015
Nez expressif, très large en bouche (reste-t-il un peu de sucre ?), nerveux, un bel équilibre à maturité. Très Bien + (15 points)
Anjou blanc, Domaine de Juchepie, le Clos, 2014
Nez intense de poire, d’épice et de poivre. En bouche des amers puissants structurent la bouche et apportent beaucoup de complexité. Un grand vin de gastronomie. Très Bien ++/Excellent (16 points – vainqueur du collectif ce soir… ce qui n’est pas une surprise pour moi).
La soirée s’est finie autour de trois vins de Patrick Baudoin hors dégustation en aveugle. L’Anjou blanc Ronceray 2019 que nous avons goûté était assez remarquable. Epicé, pomelos, dense, nerveux, concentré. Remarquable (TB++). Nous avons terminé autour de deux liquoreux somptueux.
merci pour ce CR. Oui beau niveau d’ensemble même si les 3 premiers vins m’ont semblé en deça. Je retiens
– le RQP des 2 Vallées,
– les grandes Vignes que j’ai trouvé fringuant et mûr au contraire
– et les beaux vins secs et moelleux (!!!) de Patrick Baudouin.