Nous étions un bonne cinquantaine à nous retrouver encore une fois chez Minute Papill’on, bar à vins-restaurant de Château-Thébaud dont je ne saurais assez vous recommander la visite pour notre dîner de fin d’année.
Entrée : Mousseline de truite à la tomate sur biscuit de Parmesan.
Deux choix diametralement opposés sur ce plat :
– d’une part le choix de Vertivin : un Chignin Bergeron 2006 de Pascal et Annick Quenard (9€-propriété).
– dautre part le choix de Minute Papill’on : Un Mercurey blanc 2006 Premier Cru Veileys de François Raquillet
Le Chignin Bergeron joue des notes d’abricot, miel de thym, pomme. Des arômes qui font soupçonner à mon voisin de droite un élevage en milieu légèrement oxydatif. La bouche est épaisse, fine, sapide, dotée d’un très bel équilibre. J’adore.
Le Mercurey très marqué par son élevage a un registre de noisette, de grillé. La bouche encore plus épaisse que le premier vin dénote un raisin récolté à belle maturité. Un joli bourgogne, flatteur, travaillé d’une façon assez moderne semble-t-il.
Pour le plat, le biscuit de parmesan était grillé, presque brulé par endroit, ce qui fait ressortir de fortes notes empyreumatiques. Dommage, dans un sens car le biscuit couvre complétement la finesse de la mousseline de truite. Une langue perfide à ma table fait remarquer que la recette originale de Robuchon de la tuile de parmesan ne prévoit qu’un aller et retour dans le four pour éviter de griller.
Bref sur l’ensemble du plat, le Mercurey boisé est le plus adapté : le bois se fond complètement dans le parmesan grillé et fait complétement oublier son élevage. Reste une solide texture qui enrobe tout ce qu’il trouve.
Sur la mousseline seule, le Chignin Bergeron aurait largement gagné l’alliance, finesse des bouches et complémentarité des arômes. Superbe.
Le public est partagé mais le Mercurey gagne d’une courte tête l’alliance mets-vins… malgré l’envie de certains membres de l’association de venir mettre leur grain de sel dans les fourneaux.
Plat Principal : cuisse de canard farci aux champignons pommes de terre sautées.
Deux choix diametralement opposés sur ce plat :
– D’une part le choix de Vertivin : Bourgueil 1986 du Domaine de la Chevalerie (Pierre Caslot) – (18€ cave les Spécialités Châteaubriand / via Cave Jules Verne Nantes)
– D’autre part le choix de Minute Papill’on : Vin de Pays d’Oc, Cigalus 2002 de Gérard Bertrand (Merlot/Cabernet Sauvignon).
Dans un millésime difficile dans la Loire comme 1986, il est fascinant de voir que les vins de Pierre Caslot ne madérisent pas… Ce Bourgueil, franchement évolué s’ouvre sur des éffluves pétrolées : Cuve de mazout, champignon blanc, cave humide, anis. En bouche on notera des notes d’amandes. Fascinant pour qui sait être curieux.
Conventionel et moderne, le Cigalus offre un nez toasté, un fruit profond sur des notes de mure, une bouche grasse et des tanins bien ronds. Flatteur.
L’alliance entre le Bourgueil et le plat champignoné est tout simplement géniale. J’aurai du mal à faire un autre choix (d’ailleurs, c’est moi qui ai choisi le vin, c’est dire si je suis objectif). Le Bourgueil s’est par contre heurté à la conception de ce qu’on attend généralement d’un vin rouge. Doté d’une palette aromatique hors norme, il a sans doute surpris voire choqué certains d’entre nous. Les participants sont divisés, les tables s’influencent. La table ou se tient le bureau de Vertivin vote Bourgueil d’un seul homme, la table ou se tient un cadre de l’INAO flaire le suspect et se rassure avec le vin de pays d’Oc. Le vin de Pays d’Oc l’emporte d’une courte tête mais on retiendra que le public a été divisé.
Dessert : Mousse de fraise au petit Lu
Deux choix diametralement opposés sur ce plat : (je l’ai déjà dit ? ah bon ?)
– D’une part le choix de Vertivin : Vin de Table (Anjou) Rosé d’un Jour, 2006 Didier Chaffardon – (Cave Mille et un vins 11,50€)
– D’autre part le choix de Minute Papill’on : Oups Vin de pinot noir muté à l’alcool de framboise Distillerie Jean-Paul Metté (Alsace).
Le Rosé d’un Jour est un rosé de cabernet franc botrytisé. 60g de SR sans chaptalisation (normal, c’est un vin de table) stabilisé avec un poil de SO2. Un nez qui ne trahit pas un élevage oxydatif, fruité et frais sur des notes de fraise et des notes assez fermentaires (bourru). Bel équilibre en bouche entre le sucre, gras et l’acidité. L’oeil d’un membre de l’INAO aguerri a repéré en aveugle l’absence d’agrément.
Oups est un vin de liqueur pour le moins flatteur (Mathieu n’a voulu décidément prendre aucun risque 🙂 )sur des notes de fruits rouges, … une bouche très sucrée mais dont on regrettera en revanche un manque de texture.
Sur le plat, les deux vins passent convenablement la faible sucrosité du plat fera je pense préférer l’équilibre d’un Rosé d’un Jour à Oups. Le Rosé d’un Jour l’emporte haut la main.