Compte-rendu Séance Marlborough (NZ)

Compte-rendu de la séance Vertivingstone du 13 février 2020  proposé par Jean Philippe Raffard et Eryck Ponseel.

Cette séance était une invitation au voyage aux antipodes, en Nouvelle-Zélande, un pays qui connaît une situation singulière sur la planète vin.

Ce pays de 6 millions d’habitants, peu consommateurs de vins et sans tradition viticole trouve le moyen de se hisser au 20ème rang mondial avec 38 000 hectares plantés, 3,1M hectolitres produits en 2016 (source OIV) et plus d’un milliard de dollars générés à l’export.

On revient de loin ! Il y a 60 ans, il ne restait que 600 ha de vigne survivante du phylloxéra, de la prohibition et du désintérêt des investisseurs. Et puis survint le boom de la fin du siècle dans la région de Marlborough où, sur un sol caillouteux et drainant issu d’anciens glaciers, les plantations de vigne ont explosé (25 000 ha) avec le sauvignon blanc (80%) connaissant un succès planétaire. Aujourd’hui on compte environ 120 domaines où les plus grandes groupes internationaux (Constellation, Montana, Pernod-Ricard, LVMH, Brandcott) côtoient les domaines familiaux pratiquant de plus en plus une agriculture bio.

10 vins, tous issus de la région de Marlborough furent servis, voici les commentaires d’Eryck et les notes des participants :

  1. Misty Cove – riesling – 2015 (11 pts)
    1. Nez aromatique, note de pétrole
    2. Frais sur le raisin, une légère acidité
    3. C’est simple, agréable avec de la fraicheur.
  2. Kim Crawford – Spitfire –sauvignon 2017 (0 pt)
    1. Très aromatique, très envahissant, sur la fougère, puis le pamplemousse, forte intensité.
    2. Acide, c’est frais
    3. Le retour des arômes sur le pamplemousse a un côté peu naturel, maquillé.
  3. Fault Line – sauvignon 2018 (0 pt)
    1. Nez discret, des fleurs blanches, de la fougère.
    2. Bouche acidulée, avec un arrière-gout de carotte
    3. C’est court, simplissime
  4. Mount Nelson – sauvignon 2018 (0 pt)
    1. Il sent le soufre, le nez est désagréable. En bouche, c’est sec, acidulé, grossier. Une odeur de melon vert.
  5. Edmond de Rothschild Heritage –Rimapere  sauvignon 2018 (13 pts)
    1. Le pipi de chat, le bourgeon de cassis typique des sauvignons un peu jeune, puis le poivron vert et le caoutchouc. 
    2. En bouche c’est équilibré, aromatique sans excès, sans défaut avec de la matière.
  6. Cloudy Bay –LVMH – sauvignon 2015 (12 pts)
    1. Le nez est discret, il y a du bois.
    2. C’est sec, de la fraîcheur, c’est agréable et assez élégant, des notes citronnées.
  7. Huia Estate – chardonnay – 2016 (11 pts)
    1. Nez un peu réducteur, avec un peu de souris.
    2. En bouche, c’est frais, vif, complexe, sur le citron, et les fruits exotiques.
  8. Wild Rock – Capricorn –pinot noir 2016 (0 pt)
    1. Le bois est dominant, excessif, un peu de caramel.
    2. C’est assez évolué, un peu chaud, des arômes de pinot noir assez simples.
    3. La finale est astringente, le vin est trouble.
  9. Babich Estate – pinot noir 2015 – (7 pts)
    1. Un peu boisé mais sans être envahissant, il y a du fruit rouge, cerise bien mûre, groseille.
    2. De la complexité, une finale un peu asséchante avec de la groseille.
  10. Villa Maria Estate – Seddon Single Vineyard– pinot noir 2013 (17 pts, vainqueur de la soirée)
    1. Le bois est fondu avec des arômes de pruneaux, de confiture de vieux garçon, c’est un peu animal.
    2. Concentration, il y a de la chaleur due à l’alcool, la finale est avec une douce longueur.
  11. Framingham– Noble Riesling – 2018 (hors notation)
    C’est un vin liquoreux, doux et sucré, un bonbon, il sent la fraise, l’abricot, c’est une délicatesse régressive.

Compte-rendu séance Bourgueil.

Les vacances scolaires sont propices à la vidange de Moleskine. Le blog va être alimenté de divers comptes-rendus ces prochains jours…

Voici une séance de dégustation intéressante de l’AOC Bourgueil où nous avons mixé valeurs sûres et jeunes pousses. C’est une grosse séance avec 15 vins dégustés… Et finalement nous aurions pu en rajouter bien davantage (Yannick Amirault, domaine de l’Oubliée, du Mortier, de Rochouard, Taluau et Folzenlogel, Dubois, Fred Mabileau, Lamé Delisle Boucard… l’AOC est riche en talents). Merci à Jean-Luc Poignard d’avoir fait le voyage à Bourgueil pour nous dénicher ces petits domaines encore assez mal distribués.

Ce qui m’a marqué dans cette dégustation c’est de constater la proportion de jeunes vignerons qui reviennent à des vinifications et des équilibres très traditionnels. Il y a notamment une frontière égrappé/non égrappé qui scinde vraisemblablement Bourgueil en deux.

Le millésime est également un critère très discriminant avec l’arrivée des 2018 et de leur niveau de maturité et d’alcool qui fait descendre l’appellation au niveau du Roussillon une fois sur deux.

Bourgueil, Domaine Betrand Marchesseau, Poids Plume 2018
Un nez expressif, sur le fruit, notes de poivron mûr. Bouche fruitée agréable, simple et bien faite. Une entrée de gamme souple pour un vin estival. Bien ++ (0 points)

Bourgueil, Domaine Catherine et Pierre Breton, Nuit d’Ivresse 2016
Le nez est un peu animal, bouche un peu vive, acidité volatile, légèrement rude, tanin rugueux un peu sec. Très léger brett en finale. Un vin un peu compliqué. Moyen/Bien (0 points)

Bourgueil, Domaine Laurent Mabileau 2018
Nez fruité, fruit cuit, vanillé, moka. La bouche est mure, assez gourmande, assez chaud, le tanin est dompté. Un peu trop de bois à mon goût mais cela plaît comme d’habitude aux amateurs de planche de la table du fond 😊. Bien ++ (14 points)

Bourgueil, Domaine Guion, Prestige 2016
Nez assez mur, fruité, petites notes d’encens. La bouche offre de la mâche, de la matière, de la vivacité, pas mal de tanins. C’est mur mais le millésime le permet. Une approche assez traditionnelle mais c’est sérieux et intéressant. Une adresse à retenir. Très Bien (7 points).

Bourgueil, Bertrand Galbrun, Chartrois 2018
Nez assez mur mais notes fraiches et un peu menthées. Bouche souple, légèrement sucrée, tanin assez ferme, acidulé en finale. Un vin très agréable. On suspecte toutefois l’auteur de ne pas avoir réussi à terminer sa fermentation en levure naturelle sur un millésime aux degrés élevés. Enfin… à ce niveau de prix, sur un lapin aux pruneaux, on aurait tort de se priver. Très Bien + (27 points et vainqueur du collectif ce soir)

Bourgueil, Clos de l’Abbaye (famille Lorieux) 2015
Nez de truffe, fruité, même s’il faut se méfier de l’effet de succession (post 2018), la bouche semble un peu légère (et le vin sec mais cela c’est l’effet de succession). Le tanin accrocheur offre ici encore un équilibre assez traditionnel. Bien ++ (6 points)

Bourgueil, Laurent Herlin, Eclosion, Clos de la Gaucherie 2015
La bouche est assez structurée mais l’ensemble du vin est dominé par une puissante acidité volatile et des brettanomyces envahissant au nez comme en bouche. Moyen (2 points)

Bourgueil, Domaine des Ansodelles, Rencontre 2015
Arômes de prunelle, bouche vive, tanin très accrocheur. Un vin très traditionnel. Plus de maturité n’aurait pas nuit, une pressée moins forte n’aurait sans doute pas nuit non plus. Bien (1 point)

Bourgueil, Domaine de la Butte, Perrières 2017
Nez assez fin ou domine des arômes de barrique. La structure en bouche est consistante, le grain de tanin est fin, amers assez marqués. La barrique domine un peu la fin de bouche. Devrait se fondre toutefois. Très Bien/Très Bien + (les mêmes barriques produisant les mêmes effets : 22 points)

Domaine Revillot, Les Aubuis, 2015
Nez précis, fruité, truffé. L’attaque offre une belle épaisseur, le tanin fin, précis d’une granulométrie qui fait présager d’une belle garde. Une très belle découverte pour moi. Très Bien ++ (17 points).

Domaine du Bel Air, Les Marsaules 2014
Une expression un peu plus moderne, fruité mais l’expression est encore un peu timorée. La garde lui fera du bien. En bouche l’impression d’un vin moins dense que ceux qui ont précédé mais ce n’est pas un reproche car le tanin offre un grain dense et précis qui devrait bien garder. Très Bien + ( 5 points)

Domaine de la Chevalerie, Les Grands Monts, 2011
Une cuvée qu’on a peu l’habitude de goûter et qui offre un nez fruité et truffé. Touches d’orange qui dénote d’un début d’évolution. La bouche est grasse, puissante doté de tanin fins et compacts. Un équilibre gustatif très agréable. Très Bien ++/ Excellent (25 points et dauphin du collectif)

Compte-rendu : les rouges « autochtones » (ou presque) du pays Nantais.

Dans le vignoble nantais, on trouve des vins produits avec des raisins rouges qu’on ne retrouve guère ailleurs. Merci à Alain Poulard : ancien responsable de l’antenne nantaise de l’IFV de nous avoir accompagnés pour la découverte de ces cépages.

4 cépages sont assez originaux en pays nantais. Dans l’ordre d’apparition en pays nantais :

  • Le Berligou
  • L’Abouriou
  • L’Egiodola
  • Le Melon R

Le Berligou tout d’abord : c’est un clone du pinot noir implanté en pays nantais depuis le moyen âge. Les caractéristiques de ce clone ont un peu évolué par rapport au Pinot noir originel d’où une identité particulière. Toutefois la génétique a parlé, il s’agit bien du même cépage. Berligou est le nom d’une parcelle de vigne sur l’ancienne commune de Couëron (qui englobait celle de St Herblain). La légende raconte que le plan de vigne aurait été offert par Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne à François II, duc de Bretagne. Il n’existe aucun document attestant ce don ; même si ce genre de don s’est déjà produit entre ducs. Les premiers présidents des vignerons de l’appellation du Muscadet, Jean de Camiran le premier d’entre eux, étaient prompts à inventer de belles histoires aptes à séduire l’INAO des usages loyaux et constants de l’appellation. Les historiens tentent aujourd’hui de détricoter certaines de ces fables… Il est en effet plus vraisemblable que le cépage Pinot Noir ait descendu la Loire par le truchement des marchands antérieurement à François II. Le cépage a failli se perdre pendant les épisodes du phylloxera. En un siècle, la production de raisin à Couëron est passé de 365 à 19h en 1935. Les cépages hybrides ont été planté à la place du Berligou. Le cépage a failli se perdre. Sauvé par de Camiran à partir de plans trouvés à St Herblain puis par un vigneron de St Fiacre nommé Picot, il est réimplanté depuis peu par un groupe de vignerons du Sèvre et Maine.
Les plantations des 4 vignerons sont récentes ; les vignes sont jeunes. Elles font plutôt encore aujourd’hui des vins souples et assez légers. On verra quand les vignes auront 10 ans d’âge, nous pourrons regarder leur capacité à faire de grands vins ?

L’Abouriou est un cépage du Sud-Ouest. Il est très présent dans les côtes du Marmandais et descend de la Magdeleine Noire des Charentes. Son arrivée dans le vignoble nantais est récente. Dans les années 80, les vignerons cherchaient un cépage rouge, gros producteur, rustique, pas trop compliqué à travailler… L’IFV, leur a présenté l’Abouriou qui correspondait à ces caractéristiques. Il n’est plus planté aujourd’hui : les anciens ceps disparaîtront progressivement. Des trois cépages, ce fut la dégustation la plus compliquée pour les dégustateurs : le cépage est effectivement rustique et gros producteur.

L’Egiodola est un cépage récent : il est un croisement de l’Abouriou et du Tinta Negra Mole de Madère. Il offre un vin puissamment aromatique et de ce fait est plutôt utilisé en rosé.

Le Melon R est une mutation du Melon B : notre cépage du Muscadet. Il a été isolé, planté puis bouturé dans un domaine viticole du Landreau : celui de Jean-Luc Viaud. Il est moins acide que le Melon B, peu coloré, assez précoce. Il est actuellement vinifié en pétillant. Il est le dernier arrivé des rouges autochtones du pays nantais.

Melon :

Vin mousseux rosé, Domaine Jean-Luc Viaud, Rubigène
C’est un joli vin grillé à la bouche nagréable, la bulle fine et crémeuse. Cela fait toujours partie des 2-3 vins pétillants du Muscadet que je recommande les yeux fermés. Très Bien /Très Bien +

Rubigène : une jolie bulle nantaise

Berligou :

Vin mousseux rosé, Poiron Dabin, Berligou
Nez assez fruité, floral, fraise. La bulle est un peu envahissante en revanche. Bien

IGP Val de Loire, Domaine de Guérande, Marcel Jussiaume 2018
Nez jeune, pinot, fruité, poivron. Fruité en bouche léger amer fumé. Bien ++ (2 points)

IGP Val de Loire, Domaine Jean Bosseau 2018
Nez assez aromatique, qui pinote, cerise, fruité, jeune, bouche souple, digeste, léger amer : cela s’achète ma foi ! Très Bien (4 points)

IGP Val de Loire, Domaine Jean-Luc Viaud 2018
Nez très expressif de framboise, légèrement boisé. Le tanin est un peu rèche et fait penser à un Irancy. Bien + (2 points)

IGP Val de Loire, Domaine Poiron Dabin, Berligou 2018
Nez très boisé. La bouche est souple, de la matière mais un tanin de bois un peu sec. Trop boisé pour notre table, le vin semble avoir été apprécié à l’autre table. Moyen/Bien (7 points)

Egiodola

Vin mousseux rosé, Domaine Michel Brégeon, Cavodix
Problème de goût de souris un peu envahissant. A revoir.

IGP Val de Loire, Domaine Marchais, Egiodola rouge 2016
 Nez extrêmement aromatique de sirop de fraise, sirop de canneberge très entêtant. Bouche assez légère. Un peu aqueuse. Bien.

IGP Val de Loire, Nouet Frères, Egiodola 2018
Nez très aromatique, grenadine, framboise, un vin fruité mais pas trop putassier. Le tanin est un peu agrippeur. Il y a un peu de chair. Pas mal. Bien ++ (5 points)

IGP Val de Loire, Domaine de la Noë (Drouard), Egiodola 2018
Sirop de mure, yaourt à la myrtille au nez. En bouche, il y a du tanin, de la mâche, de la matière, le tanin est accrocheur. Bien + (8 points)

Abouriou

IGP Val de Loire, Philippe Marchais, Abouriou rosé. 2018
Joli rosé fruité, juteux, du gras en bouche. Très Bien (4 points)

IGP Val de Loire, Domaine de l’Aujardière (la Rémaudière) 2018
Nez réducteur, pique le nez, limite mercaptan, notes de framboise et de cassis, bouche rude, vive, un peu rapeuse. Curieux… Moyen/Bien

VDFrance, Domaine du Haut Planty, Abouriou Nature 2018
Nez foxé, animal, bouche perlante, tannique, vert, très accrocheur… peut être un vin un peu trop pressé. Rude. Moyen + (1 point)

IGP Val de Loire, Domaine du Grand Logis (Olivier Lebrin) 2018

Nez fruité, agréable, bouche dominée par un tanin très puissant. « Un excellent vin d’assemblage » mais qui malheureusement pas assemblé. Bien (1 point)

IGP Val de Loire, Domaine Delaunay (Vertou) 2018
Nez agréable, fruitée, bouche souple, un peu diluée/légère. Léger piquant en bouche. Moyen/Bien (4 points)

IGP Val de Loire, Domaine de l’Aujardière, LM 2016
Couleur légère, arômes de cassis, de barrique, bouche fluette. Moyen (4 points)

IGP Val de Loire, Domaine Jean-Luc Viaud, Abouriou (cuvée barrique) 2016
Nez assez fin, boisé léger, bouche tannique, vif, pas trop mal équilibré mais pas super mûr non plus. Bien/Bien+ (1 point)

IGP Val de Loire, Domaine Jean-Luc Viaud, Abouriou (cuvée en cuve) 2015
Nez assez fin, , fruité, camphré. La bouche est assez bien équilibrée. Un Abouriou à recommander. Bien++/Très Bien (1 point)

IGP Val de Loire, Christian Gautier, Abouriou 2015
Nez fruité, cassis, très « petit bordeaux », assez finement boisé. Bien équlibré. Assez agréable Bien++/très Bien (11 points)