Voici le compte rendu de la séance Verticadet dédié au projet de démarche de cru communal “Champtoceaux”du 26 novembre 2019.
La démarche de dénomination géographique complémentaire (dit cru communal dans le langage courant) se met gentiment en place. Toutefois le dossier n’a pas été officiellement déposé à l’INAO. Pour lors 13 domaines des coteaux de la Loire se sont associés pour travailler sur une délimitation des belles parcelles de chaque vigneron et sur un cahier des charges reprenant peu ou prou le même contenu que les précédentes DGC du Muscadet (18 mois d’élevage, 45hl/ha… etc…). Les vignerons se sont mis d’accord sur un nom : Champtoceaux (moi j’avais voté pour Liré : je trouvais que comme Du Bellay avait déjà fait la pub de l’endroit, c’aurait été plus facile à vendre. Bah tant pis. Champtoceaux c’est joli aussi)
Les particularités de la zone c’est une continuité géologique de part et d’autre de la Loire. Il s’agit du synclinal de Champtoceaux que composent les formes géologiques parmi les plus anciennes du Muscadet : micaschistes, gneiss, éclogite essentiellement. Ce sont donc des formats géologiques assez divers car la zone est vaste. Ce qui pourrait en revanche faire la particularité de la zone Champtoceaux, c’est le vent, comme pour les coteaux de la Loire. Le vent marin qui tempère, le vent d’est qui assèche : le vent qui s’engouffre sans contraintes dans la vallée de la Loire. La singularité du site, c’est aussi sa géographie avec ses superbes pentes qui tombent dans la Loire : certainement le vignoble le plus beau de la zone Muscadet.
Vous sentez bien que si la zone proche des bords de Loire se dessine naturellement pour en faire une unité de terroir, quid des vignobles les plus éloignés (Barbechat, Ligné, Carquefou ?).
En dégustation, nous avons été marqués par une homogénéité de couleurs assez marquée (jaune assez sombre) et par des vins assez faciles à boire aujourd’hui. Mais deux profil gustatifs assez distincts se font face : un profil mur et un profil plus tendu. Peut-être que les vignerons auraient intérêt à s’entendre sur le profil de vins qu’ils souhaitent faire sur cette zone… peut-être se sont-ils déjà entendus d’ailleurs depuis la production des vins que nous avons goûtés.
Dégustation et commentaire en aveugle; mes appréciations en clair, les notes du collectif en point.
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Domaine Landron-Chartier, Champtoceaux 2016
Arômes de cidre, de chouchen, bouche marquée par une nette oxydation sans
doute volontaire, vif, nerveux en bouche, la présence d’éthanal en fin de
bouche en fait un profil très jurassien (noix/curry). Si je peux avoir du
plaisir à boire ce type de vin, il apparaît comme un OVNI au milieu des autres
vins. La question est donc : pourquoi faire un vin aussi clivant alors qu’on
cherche à convaincre une commission d’enquête d’une identité commune ? Bien + (4 points)
Muscadet des Coteaux de la Loire, Domaine des Génaudières, Champtoceaux 2016
Nez sur des notes d’anis, de badiane, vanille et sève de pin. La bouche offre un très joli volume, une belle vivacité. Du gras, de la tension : un très bel équilibre. Les Génaudières s’affirment comme un domaine d’envergure sur des parcellaires beaux à couper le souffle. Très Bien + / Très Bien ++ (8 points et vainqueur du collectif ce soir)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Château du Roty, Champtoceaux 2015
Nez de ferment lactique, yaourt, champignon, bouche grasse et mure. Courte en
bouche. Moyen/Bien (0 points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Domaine des Galloires 2015
Nez très évolué : exotique, mangue, ananas qui donne une impression de surmaturité.
L’attaque offre un joli volume, large et épais, une belle tension, une belle
allonge en fin de bouche. C’est atypique mais j’aime beaucoup l’expression tertiaire
de ce vin à ce jour. Très Bien + (7
points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Domaine du Haut-Fresne, Champtoceaux 2014
premier nez réducteur qui s’ouvre sur des notes de caramel , de vanille. La
bouche est grasse et donne une sensation sucrée-vanillée sans doute lié à la
durée de l’élevage. Une bouche mure, agréable qui donne toutefois une impression
générale de vin un peu dodu dans un style un peu international. La parcelle mériterait
à elle seule une activité oenotouristique. Bien
++ / Très Bien (6 points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Vignoble Marchais, Champtoceaux 2015
Nez assez précis, relativement peu aromatique, un peu moins gras que le vin
qui a précédé (effet millésime sans doute). La bouche est très tranchante avec
des notes d’essence de pin qu’on retrouve souvent chez Guindon et Génaudières.
Intéressant. Bien++/ très Bien (2
points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Olivier Lebrin, Sydrac de Chambelle cuvée prestige 2014
Nez très racinaire, médicinal, résine, très vif en bouche. Jolis amers,
bien tendu. Jolie découverte pour moi à un prix qui reste doux. Très Bien + / Très Bien ++ (5 points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Suteau-Ollivier, Champtoceaux 2014
Nez très exubérant, exotique, pamplemousse. Pas très gras, sensation
légèrement sucrée, assez amer. Une sensation de méthodes sud-africaine
(macération préfermentaire ? enzymage ?) appliqué au Muscadet. Un vin qui
convainc moins… Bien + (2 points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Cyril Becavin, Nectar de l’Erdre 2012
Comme souvent, il faut prendre son temps pour que les vins de Cyril Becavin
s’expriment. Et là ils est prèt : Nez fin, élégant, citron confit, exotique,
mangue, notes tertiaires. Bouche très vive, tendue, saline, complexe. Belle
performance pour un vin à parfaite maturité.
Très Bien ++/Excellent (5 points)
Désormais, nous arrivons dans des millésimes antérieurs à la démarche Champtoceaux. C’est une autre démarche collective qui prévalait à l’époque : la démarche “Roches de Loire”
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Pierre Guindon 2007
Essence de térébenthine, herbe sèche, gingembre, gentiane : un profil
aromatique reconnaissable entre tous dans les dégustations en aveugle. Bouche évoluée,
très vive, verticale, tendue, typique du domaine et des coteaux de la Loire
ancienne mode. Très Bien+/Très Bien++ (6
points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Cyril Becavin, Nectar de l’Erdre 2007
Nez sudiste, plutôt fruité, racinaire, bouche très grasse, large aux amers particulièrement
puissants, plus long que large en bouche, grassouillet, amers persistants. Très Bien (4 points)
Muscadet des Coteaux
de la Loire, Domaine des Génaudières, Roches de Loire 2004
Nez évolué, oxydé, notes de pin qui surnage, bouche vive, un peu
métallique. En fin de vie (mauvaise conservation peut-être…) Bien ++ pour le “style” (2
points)