Compte-rendu de dégustation des Gamay des Côteaux d’Ancenis rouge

Ancenis est une zone ou le vignoble s’est fortement développé tant au moyen âge (10 courtiers en vin au port d’Ancenis sous Charles IX) que sous l’effet du commerce des hollandais au 17e siècle. On estime que le Gamay s’est développé à Ancenis assez tardivement dans la première moitié du 19e siècle.

VDQS en 1954, puis AOC en 2011, les coteaux d’Ancenis sont une petite appellation d’à peine 160 hectares et 6 000hl. Autant dire qu’à Strasbourg ou Marseille, on n’en n’a jamais entendu parler. D’ailleurs cette appellation fortement centrée sur le rosé au début de l’AOC, a vu une forte progression de ses vins blancs qui sont devenus dominants sur l’AOC : des blancs demi-sec, très à la mode, réalisés à partir du cépage Pinot Gris qu’on appelle localement “Malvoisie”.

En rouge l’AOC se consacre au Gamay après avoir bouté le cabernet franc hors de l’AOC en monocépage. 10% de Cabernet pourront toutefois être intégrés dans l’assemblage final à terme.

L’AOC Coteaux-d’ancenis est coupée en deux par la Loire :

  • Rive droite, le vignoble de Loire-Atlantique qui produit du Muscadet-des-coteaux-de-la-Loire et des Coteaux-d’Ancenis.
  • Et rive gauche, le vignoble du Maine-et-Loire peut produire non seulement les Muscadets et Côteaux d’Ancenis de la rive droite mais aussi des Anjous de toutes couleurs, des cabernets d’Anjou et des crémants de Loire.

De cette possibilité de jouer sur autant d’AOC est née une certaine jalousie entre rive droite et rive gauche car initialement le VDQS des coteaux d’Ancenis s’était ouverte aux angevins pour le maintien d’un rosé sec de gamay en Anjou.  

Le marché des coteaux d’Ancenis est essentiellement local. Les Malvoisies se vendent extrêmement bien à Nantes. Les Gamays rouges ou rosés sont consommés avec les grillades estivales. Les vins se vendent bien et c’en est presque dommage car les cuvées parcellaires qui permettraient de monter un peu en gamme ne sont pas légion. Les millésimes de plus en plus solaires compensent un peu les manques de concentration. Les prix s’en ressentent : ils sont très doux. La majorité des vins goûtés coûte autour de 4€ départ cave.

La zone des coteaux-d’Ancenis a également pour particularité d’avoir vu se développer une petite troupe de vignerons bios-natures rassemblés dans l’association “pinard et jus d’Ancenis” sous le patronage du vigneron Jacques Carroget. La majorité d’entre eux ne cherche pas l’AOC : nous ne les avons pas goûté ce soir. Avec un regret : de ne pas avoir récupéré le vin de Rémi Sedès qui était en formation lors de notre collecte de vins. Les coteaux-d’Ancenis est également une des rares appellations à avoir développé une structure d’échange et de formation entre vignerons bios nature et vignerons conventionnels.

Dégustation en aveugle, et comme d’habitude, le groupe a attribué trois points aux trois vins qu’il a préférés. Mes notes personnelles (qui suivent ou non le groupe) vont  de « médiocre » à « excellent » (et « grand vin » exceptionnellement)

Coteaux d’Ancenis, Domaine du Haut-Fresne, Les trois Lézards, Gamay 2017
C’est un vin à la couleur assez dense aux notes de fruits qui offre des notes de chocolat. Il est un peu chaud en bouche. Le tanin est léger et un peu sec. Bien+ (0 points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine de Port-Jean, Gamay 2017
Notes de mure, de yaourt et de beurre en bouche. Si l’attaque est intéressante, la bouche est légère, un peu maigre. Le tanin est plus vert et sec que le précédent. Moyen+/Bien (0 points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine de la Pléiade, Gamay 2017
Nez aromatique, mure, bouche souple, avenante, gourmande, assez longue. Aromes de framboise cuite en rétro-olfaction. Très Bien +/ Très Bien++ (9 points et vainqueur du collectif ce soir). Avec une régularité de pendule, puisqu’il remporte assez systématiquement les dégustations des Coteaux d’Ancenis, Bernard Crespin sort vainqueur de la dégustation de Vertivin. Profitez-en, il part bientôt en retraite.

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Coteaux d’Ancenis, Château du Roty, Gamay 2016
Nez marqué par une odeur de champignon et une finale sèche qui nous oriente vers un léger bouchon malgré une perception de notes fruitées. A revoir. (0points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine des Génaudières, Gamay 2016.
C’est un nez assez ouvert que nous avons ici et qui offre des palettes de cassis qui pourrait presque faire penser à du cabernet. La bouche est souple, agréable, fruitée, acidulée. Je n’aurai pas été contre un peu plus de maturité mais c’est un vin efficace pour les grillades et charcuteries. Bien++ (1 point)

Coteaux d’Ancenis, Domaine de la Cambuse, Gamay 2016
Nez fruité, fruits rouges, frais, menthe. La bouche est gourmande, fruitée, aromatique avec de petits tanins assez précis. Le style est plus mur que le précédent et de fait offre une trame tannique plus structurée. Très Bien (8 points : l’un des trois dauphin de cette dégustation).

Coteaux d’Ancenis, Les Pierres Meslières, Gamay 2016
C’est un vin qui manque un peu de précision au milieu des autres. Aromatiquement des éléments font penser à une malo mal terminée. La bouche manque un peu de droiture, la structure est un peu diluée, le tanin est agressif. Moyen. (2 points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine des Clerambaults, VV, Gamay 2016
Nez encore un peu sur la réserve avec des notes de grenadine au lait. La bouche est intéressante, assez large, bien structurée dans un style encore assez mur et un tanin plus serré. Il ne serait pas stupide de prévoir une garde de 2 ans avant de le boire. Bien ++/Très Bien (8 points – 2e dauphin)

Coteaux d’Ancenis, Domaine des Galloires , le vieux Planty, Gamay 2016
Nez violent de cassis, de banane. La bouche est très fruitée avec un peu de matière,  offre des notes de bonbon anglais. C’est un vin très fermentaire marqué par l’acétate d’isoamyle qui n’emballe pas beaucoup le groupe. Bien + (1 point)

Coteaux d’Ancenis, Domaine Pierre Guindon, Gamay 2016
Nez fermé, épicé, la bouche est marquée par un tanin puissant et assez gras. Beaucoup de vivacité et de structure dans ce vin. C’est une vinification très traditionnelle comme on n’en fait plus et comme on n’en fera sans doute plus jamais à Ancenis car Pierre Guindon a pris sa retraite. On pourrait garder ce vin deux ans mais la structure tannique sera toujours présente. Pour personne avertie. Bien++/Très Bien (1 point)

Coteaux d’Ancenis, Domaine des Galloires, Les Grandes Vignes, Gamay 2016
Nez fermé, cassis, malo, la bouche est concentrée, le tanin doux et travaillé, assez chaud en bouche. Le grain de tanin est assez fin. Peut se garder un peu. Très Bien (8 points – troisième dauphin)

Coteaux d’Ancenis, Domaine Landron-Chartier, Etherie Gamay 2015
Marqué par un élevage ambitieux (barrique ou foudre), des notes de sparadrap m’indiquent une présence légère d’une forme bactérienne de Brettanomyces Bruxellensis. Un peu d’acidité volatile complète ce caractère que l’on pourrait dire “canaille”. Le tanin est intéressant, il est bien mur. Bien + (6 points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine Merceron Martin, Les Quarts, Gamay 2012
 Au nez des notes de boisé torréfié, de chocolat. La bouche est bien structurée, c’est un vin globalement bien fait. On aura du mal en aveugle à reconnaître un Gamay. Bien++ (3points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine de la Paonnerie, Gamay 2010
Nez gamay-fruité. La bouche est gourmande, avenante. Il y a du volume en bouche et une acidité sans doute un peu volatile qui apporte plus de fraîcheur que de piquant. Agréable. Très Bien+ (4 points)

Coteaux d’Ancenis, Domaine Pierre Guindon, Gamay 2007
Nez âgé marqué par l’humus. Bouche bien structurée, vif, nerveux et un peu décharné par le temps. Un vin traditionnel en millésime frais. Pour ceux qui en ont encore en cave, il faudrait sérieusement songer à le boire. Bien++ (0 points)

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