Soirée D. Delesvaux chez Ose Mets Vins

Le mardi 02 Mai à 20h, le groupe Vertivictuailles accueillera Philippe Delesvaux, que certains d’entre vous ont déjà eu le plaisir de cotoyer lors des Vertivinies, au restaurant caviste “Ose Mets Vins” à Vertou.
Il viendra tout droit d’Anjou rien que pour nous…

Alors on va essayer de faire les choses bien : Nous allons associer a minima leurs 2 blancs secs, leurs 2 vins rouges, 1 passerillé et 2 liquoreux avec 1 entrée, 1 plat, 1 fromage, 1 dessert sur-mesure.

Nous serons 25 participants et il reste 1 ou 2 place(s) à 35€ tout compris.
Bonne humeur de mise.

Faites signe par email a Cyril si vous êtes intéressé
Ce message (du moins l’adresse mail de Cyril) s’effacera quand il n’y aura plus de places.

P.S.
La soirée suivant du groupe aura lieu le  30 Mai, elle sera dédiée à la cuisine asiatique (Thai/Viet) en présence de Fréderic Niger du Domaine de l’Ecu, nous vous ferons signe si des places seront disponibles mais ce n’est pas gagné.

Compte-rendu : l’appellation Côte-de-Brouilly

Séance Vertivingstone dédié à l’appellation Côte de Brouilly. Nous avions le plaisir d’accueillir Christiane Lacondemine du domaine des Roches Bleues qui nous a accompagnés sur cette séance.

Côte de Brouilly, c’est quoi ? C’est une appellation Villages du Beaujolais comme chacune des 10 crus Villages du Beaujolais. L’INAO le clamera sur tous les tons : il n’y a pas de hiérarchie entre les dix crus du Beaujolais : même rendement à l’hectare, même degré minimum, même règles de vinification, même encépagement, même tout…

Sauf que voilà. L’appellation Côte de Brouilly (sans s à “côte” : il n’y en a qu’une ; celle qui s’enroule autour du Mont Brouilly) est située sur les pentes du Mont Brouilly sur des parcelles tendanciellement pentues alors que Brouilly est situé sur un terrain plus plat. L’appellation Brouilly se situe plutôt sur des sols granitiques tandis que les pentes du Mont Brouilly voient la résurgence d’une roche métamorphique appelée méta-diorite (on utilise également le terme générique de “porphyre” qui désigne toute roche métamorphique à forte proportion de feldspath mais qui n’indique pas grand-chose en fait). Qu’est ce que la méta-diorite… Ouh… rappelons que parmi nos roches-mères : celles qui proviennent des profondeurs de la terres, nous avons des roches volcaniques (à refroidissement rapide) et des roches plutoniques (à refroidissement lent). Il y a une dizaine de roches plutoniques dont la plus connue est le granit (citons aussi le granodiorite et le gabbro que l’amateur nantais connaît) et donc la diorite. La méta-diorite est une diorite ayant commencé à subir un métamorphisme : c’est-à-dire qu’elle a commencé à être compressée et chauffée pour former un schiste : un caillou plus feuilleté. Bref… où veux-je en venir ? L’important dans la viticulture c’est moins la connaissance du caillou que la manière dont le caillou s’altère en contact avec les éléments extérieurs. Et là en l’occurrence, la méta-diorite s’altère en particules plus fines que le granit (qui s’altère en sable), pour s’altérer davantage en argile. L’argile, dans les vignobles du Nord, cela peut générer des rétentions d’eau qui peuvent être génants pour produire des vins de qualité… sauf que dans notre cas, les belles pentes du Mont Brouilly font glisser les excès d’eau. Pas d’hydromorphie à craindre. Mais l’argile sur les terrains destinés aux vins rouge a la particularité de produire des tanins… donc des vins plus structurés. Des vins de garde. Là ou Brouilly fait des vins jeunes et gouleyants, les Côte de Brouilly demande un peu plus de temps pour s’assagir. Ajouté à cela que Brouilly est dominé par une production hétérogène pour les coopératives et le négoce et que Côte de Brouilly a une proportion de vente directe plus importante et une production qualitativement plus homogène, les vignerons génèrent de fait, eux, une hiérarchie qualitative et tarifaire entre les deux appellations.

Rappelons enfin, que pour tout connaître sur le Beaujolais, Nicolas Herbin a produit un texte de référence sur vin-terre-net dont je ne saurais trop vous inciter à la lecture assidue.

C’est parti pour une lecture des millésimes 2014 et 2015 en Côte de Brouilly. Bon disons le tout net. 2015 est un millésime de garde. Les nez sont fermés, les bouches puissamment tanniques mais les jus semblent prometteurs. Les 2014 sont agréables et accessibles dès aujourd’hui.

Côte de Brouilly, Robert Perroud, Foudre n°5, 2014
Légers arômes de café, de griotte et d’épices (poivre, canelle). Le vin est bien structuré, un jolis jus, assez souple, le tanin fin. Cela commence bien. Bien++/Très Bien (5 points)

Côte de Brouilly, Jean-Marc Laforest 2014
Nez assez confiture, confiture de mure, bouche très ronde, tanin un peu plus extrait, bouche légèrement sucrée. Un vin très (trop) facile. Bien + (0 points)

Côte de Brouilly, Daniel Bouland, Cuvée Mélanie 2014
Nez assez complexe sur des notes de fruit noir, de graphite. La bouche propose une belle mâche, bien structuré mais aussi une belle tension sur une fine acidité qui donne beaucoup d’allonge au vin. Notes de vanille cuite en rétro-olfaction. Très Bien +/Très Bien ++ (11 points)

Côte de Brouilly, Jean-Claude Lapalu 2014
Nez assez profond de mure, de sureau. La bouche est assez en dent de scie, le tanin sévère, assez vif, une vivacité un peu volatile en bouche. Un peu plus rustique. Bien++ (3 point)

Côte de Brouilly, Domaine Ruet 2015
Nez assez cuit, chocolat, bouche enrobante, cuite, trame tannique qui ressemble au grenache. Un peu lourd en fin de bouche. N’aurait il pas fallu récolter un peu plus tôt ? Bien + (11 points)

Côte de Brouilly, Domaine Claire et Fabien Chasselay, L’Héronde 2015
Nez très aromatique, puissant, fumé, graphite, fruits noirs, crème de cassis, crème de mure. Un style plus oxydatif, très gourmand, friand, tanin très grenache. C’est un style de vins sans doute assez peu sulfité, assez mur mais d’une gourmandise immédiate diablement efficace. Très Bien (18 points)

Côte de Brouilly, Jean-Paul Brun 2015
Nez assez floral qui pinote, linéaire. Une bouche un peu hachée encore, tanins rêches un peu bruts mais précis. Fine vivacité en finale. Un vin globalement plus extrait. De garde voire de grande garde. Très Bien + (3 points)

Côte de Brouilly, Les Roches Bleues 2015
Nez cassis-floral. Bouche puissante, très structurée, juteuse. Tanin puissant, collant. Joli jus qui nécessite 3-4 ans de garde. Une vinification très classique et de bonne facture Très Bien +/Très Bien ++ (25 points)

Côte de Brouilly, Laurent Martray, Les Feuillées 2015
Nez très réducteur, fermé. Bouche assez ample, puissant, tanin assez fin. Grande garde à prévoir encore une fois. A revoir dans 5 ans, mais je penche sur un Très Bien ++ (3 points)

Côte de Brouilly, Château Thivin, Les Sept Vignes 2015
Nez assez fermé ou l’on distingue des fruits noirs, de la graphite. La bouche est singulièrement  vive, le tanin assez puissant. De garde. On aimerait que le tanin et l’acidité se fondent dans le jus mais ce n’est sans doute qu’une question de temps. Très Bien + (14 points)

Côte de Brouilly,Les Roches Bleues 2009
Nez très aromatique sur des notes mures de fraise cuite, de confiture de myrtille. Avec le temps la bouche se fait plus veloutée mais le tanin est encore ferme : il est bon à boire mais doit accompagner des plats structurés. Rétro-olfaction assez florale. Très Bien ++ (26 points et vainqueur du collectif ce soir)

Mélodie en sous sol : Soirée Cornas

QUINTET en Syrah Majeure.

Au programme sur une partition minimaliste mais décidément bien orchestrée nous avions troqué nos instruments de musique contre les verres INAO. Répétition générale pour suivre une mélodie du nord du Rhône à la rencontre de très jolis flacons. Un certain J. G semblait avoir signé les achats des flacons proposés ce soir là pour égayer nos papilles, merci à lui et direction donc rive droite pour une superficie de 136 hectares avec une soixantaine de grands musiciens qui jouent en Syrah majeure des mélodies difficiles avec des coteaux dont les pentes atteignent  jusqu’à 60 %. Savoir qu’une trentaine seulement ne vivent vraiment de leur production donne le ton de cette mélodie des Cornas.

1 personne ne pourra exploiter que 2 hectares maximum ce qui fait plus que compliquer la tâche. On ne parle pas de mécanisation dans ces amphithéâtres situés entre 125 et 400 mètres d’altitude et orientés vers le sud, que les vents dominants épargnent. Il faut se retrousser les manches et jouer allegretto.Le Cornas est le plus méridional des crus septentrionaux, on y taille la vigne en gobelets parfois en laissant les feuilles se développer afin de protéger les raisins de la chaleur. Les sols sont pauvres et issu de granit enrichis de dépôts limoneux. La vigne est sous stress hydrique dans les années chaudes. On y récolte les raisins jusqu’à 1 semaine à 15 jours avant les autres vignobles.

5 vignerons nous ont été présentés dans la formation des artistes de cet opus des Cornas par Libertivin et sur 4 millésimes.

  1. Vincent PARIS
  2. Stéphane ROBERT
  3. David REYNAUD
  4. Alain VOGE
  5. Robert MICHEL qui a cédé ses vignes

Ouverture et premier mouvement

La première mélodie jouée par Stéphane Robert en ouverture, est vin un Cornas Vin Noir 2013 du Domaine de Tunnel possède une robe sombre rubis, un nez poivré un peu truffé, fumé aux accents de violette de cassis. Un boisé léger. Des notes fraiches mentholées que l’on va retrouver en bouche. Les arômes sont très marqués sur le fruit, de cassis de violette et une pointe de cerise. Un poivré et des pointes de réglisse qui finissent en agréables petites touches amères. Nous ne sommes qu’en 2017 et le vin se montre encore un peu serré aux entournures même si les tannins semblent bien intégrés. La finale est honorable. Patience ….

 

Une cuvée Rebelle qu’il va falloir laisser s’assagir quelques temps

On passe au deuxième mouvement avec une robe plus claire et plus limpide ; Les notes olfactives sont recroquevillées bien que la chaleur des gammes aient été notées, les raisins semblent avoir été mûrs ce que confirme la bouche orientée sur la cerise et le fruit noir un peu poivré. Un assez bon équilibre, une acidité et une petite amertume glissants vers les cerises à l’eau de vie. Écrivant une Syrah non sulfitée en 2013  , David Reynaud nous fait deviner sa partition qu’il faudra redécouvrir avec la patine des années.

 

Lorsqu’on égrappe les raisins avec cette cuvée Granit  60 chez Vincent Paris, l’atmosphère semble plus sombre, rubis,  la robe est dense. On découvre les arômes de pruneaux en confiture auxquelles on prête aisément des épices anisés ou de la badiane. Mais c’est la cerise Bigarreau et la mûre qui viennent comme un ostinato réveiller nos papilles. Belle longueur des croches et des tannins.

 

 

Le deuxième mouvement du domaine est sur le même millésime, mais ce qui nous rassure tant  la parcelle « La Geynal » révèle de la finesse d’une belle robe éclatante qui se traduira par un nez élégant mêlant cerise, réglisse, cocktail de fruits noirs. La trame au palais est vineuse, comme un coulis empreint de pain brûlé, finissant sur des petits amers doux et une fraicheur qui domine par cette belle acidité des gammes jouées en cave par le chef d’orchestre qui a repris la suite d’un vignoble familial. “Paris tenus” a t-on envie de dire en souriant.

Nos oreilles étaient maintenant prêtes à décrypter les morceaux les plus improbables ou les plus surprenants dans la gamme, mais étaient ils parés pour la surprise d’un air doux et tendre joué en 2012?

Notre grand coup de cœur pour son accessibilité seulement 5 ans après sa mise en musique!

Avec ses Vieilles Vignes Alain Voge nous a médusés. Une diva ! Le nez fruité, épicé, frais et complexe de sa ligne mélodique a eu dans mon groupe un effet presque cataleptique. Il s’ouvre et s’ouvre avec les minutes qui passent. Les cerises, mures et violettes caracolent le long de la partition entre acidité et fruité. L’équilibre est très beau, une marque de fabrique d’une belle maturité des grains, tandis que la persistance en bouche s’accroche sur des notes vibrantes d’épices douces, réglissées, fruitées.

Comme l’avoue un des spectateurs de nos émerveillements « Son IDT parait énorme ! » ce que je devrai me faire traduire par un indice de « Torchabilité » très élevé. Un tube énorme dans le domaine de la musique quoi !

Les accents du Cornas ne se réfèrent pas à des airs de classique sirupeux. Ils n’obéissent pas à la baguette, gardent leur fougue bien longtemps après que l’orchestre ralenti ou que le chef relâche sa pression artistique.

Nous filons maintenant vers le passé en 2005 pour apprécier le nectar d’un domaine disparu, une fois après avoir glissé le nez au dessus du liquide rubis, on ressent comme une claque. « Deux torgnoles en allez retour ! » lâche mon voisin. Robert Michel a su écrire sans fausse note dans son chai, les marques de la profondeur, signant un vin très expressif. La bouche est moins enveloppante que pour le précédent mais il y a cette acidité mordante des cerises kirschées, ces petits amers qu’on finit pas apprécier plus on avance dans la découverte des grands fabricants de rêves. Une fraicheur et un bel équilibre qui montrent que les années n’ont pas fini leur travail sur la Cuvée des coteaux qui œuvre comme une Ode au passé.

Un très joli terroir qui raconte de multiples notes dans sa gamme !

Le même vin en millésime 2004 sur la parcelle La Geynal (voir plus haut) produit des notes plus graciles et plus veloutées. La mélodie est riche. Et même très riche par sa subtilité. Au nez nous ressentons des accents truffés, cacaotés et les pruneaux cuits rôdent dans le verre. Notes fumées, lardées et sanguines. Les romarins et le laurier sauce voltigent.  Pas de lourdeur dans le flacon qui exprime encore beaucoup d’arômes, des saveurs douces goudronnées, pétroleuses. Une conclusion à la digestibilité présente, tant les saveurs sont audibles par le travail réussi du vigneron , dorénavant éloigné de l’orchestre, M. Michel.

 

Jean-Luc Poignard