Compte-rendu de dégustation : Tavel

Séance dédiée aux vins rosés ce soir sur les ateliers Vertivingstone. Il a fallu arriver à la 88e séance Vertivingstone que j’anime pour faire une séance dédiée aux vins rosés (et encore j’y étais un peu poussé). Ce n’est pas n’importe quel rosé puisqu’il s’agit du Tavel : l’appellation réputée pour faire les rosés les plus structurés, des rosés de garde comme le soulignais en son temps Honoré de Balzac. En matière de vin de garde, je ne vous cache pas que les Tavels de 10 ans d’âge, aux élevages longs, cela ne court pas le caviste… il est possible que je n’ai pas su chercher, mais je n’en ai pas trouvé… Dans le monde du vin, le rosé garde un positionnement marketing de boisson estivale désaltérante à l’instar de la bière Kronenbourg et du Pulco citron. Donc les cavistes qui ont des Tavels ont plutôt des vins légers… Ce qui fait que dans la série, le nombre de vins dilués a été excessivement élevé pour une séance de Vertivin.
En effet, ce qui distingue l’amateur de vin du quidam qui fait griller ses saucisses au mois d’août, c’est que l’amateur de vin a souvent tendance a rechercher de la consistance, de la matière dans un vin, là ou le quidam cherche à se rafraîchir le gosier. Or le quidam représente un marché plus conséquent que l’amateur de vin… la loi du marché pousse donc au développement de vins légers même parmi les vins bien faits de domaines sérieux.
Car la dégustation fait aussi apparaître des techniques de vinifications pointues chez les vignerons les plus consciencieux. Après une période de macération, le Tavel est entièrement soutiré, les peaux sont pressées et le jus de goutte et de presse sont généralement assemblées. Ces multiples opérations permettent de distinguer les vinificateurs selon leur choix techniques (durée de macération, assemblages presse/goutte…). La présence fréquente de CO² résiduel laisse penser que certains vinificateurs recherchent une pointe de gaz certes, pour l’expression aromatique, mais aussi pour contrebalancer la sensation de chaleur alcoolique des vins. Cela en fait des vins très techniques, pas foncièrement mauvais mais pas nécessairement jubilatoires. Preuve en est, le groupe a préféré le Tavel qui ressemble le moins à un Tavel : L’Anglore d’Eric Pfifferling.
Tavel, Domaine de Chantepierre, 2015
Arômes fermentaires simples (fruit, fraise tagada, bonbon anglais). La bouche est simple, assez chaude, la rétro assez courte… un vin assez dilué. Moyen ++/Bien (6 points : preuve qu’il y a des quidams dans l’assistance)

Tavel, L’Olivet de Trinquevedel 2014
Nez plus réducteur pour cette cuvée spéciale pour la GMS, la bouche est souple, droite, plus enrobée, assez chaude et doté de quelques amers de structure. Léger CO² residuel. Bien + (0 point)

Tavel, Château de Correnson 2014
Nez intéressant, aromatique de Grenache. La bouche est simple, légère, pas très longue, assez juteuse, assez chaude. Bien+ (1 point)

Tavel, La Rocalière, Le Classique 2014
Nez d’orange amère, bouche charnue, gourmande et mure. Léger CO² qui rafraîchit la bouche. Un vin bien vinifié. Structuré. Notes d’amande amère en fin de bouche. Bien ++ (3 points)

Tavel, Château d’Aqueria 2014
Nez intense assez floral, dragée. La bouche est assez coulante, facile, le gaz carbonique un peu (trop) appuyé. Le vin n’est pas marqué par une énorme structure. Bien + (6 points)

Tavel, Domaine Maby, Prima Donna 2014
Premier nez très légerment réducteur-animal mais qui s’ouvre très rapidement vers des notes fruitées de pêche. La bouche est mure, riche, et laisse une sensation de pêche cuite en bouche. Petite pointe de CO² perceptible, légers amers et rétro-olfaction aromatique. Il donne l’impression d’un vin d’œnologue vinifié avec soin. Bien++/Très Bien. (5 points)

Tavel, Domaine de Lanzac, Prestige 2014
Nez assez neutre, bouche un peu fluette, pas très mure, vif. Rétro-olfaction un peu courte. Moyen. (0 points)

Tavel, L’Anglore 2014
Nez joliment aromatique assez complexe, fruité, fleurs séchées… sans doute de la volatile mais je ne la perçois pas. La bouche est assez souple, de consistance équilibrée, nature mais sans excès. Le nez est certainement plus intéressant que la bouche. Rétro-olfaction sur des notes de cierge. Intéressant. Bien ++/Très Bien (16 points : vainqueur du collectif ce soir)

Copyright photo : Le Point

Tavel, Château La Genestière 2013
Nez de fraise épicée, cannelle. La bouche est assez légère, simple, légèrement vive. Bien (1 point)

Tavel, E. Guigal 2013
Nez ou l’alcool domine, légèrement épicé. La bouche est très enrobée, très ronde, mure, un peu plus structurée que le précédent vin sans être très dense non plus et sans présence d’amers. Note de Co² subtile. C’est un vin qui donne une impression d’être plus proche du style d’un rosé de Provence que d’un Tavel. Bien + (7 points)

Tavel, Prieuré de Montézargues 2013
Joli nez intéressant ; épicé, assez intense très légèrement beurré. La bouche est assez séveuse sans être trop mure, correctement tendue : une matière plus structurée sans la lourdeur du glycérol de l’alcool. Un rendement maîtrisé sans doute. La rétro est assez élégante sur des notes de fruits cuits. Bien ++/ Très Bien (11 points : un Dauphin mérité)

photo : http://www.vindulge.com

Tavel, Domaine de la Mordorée, Reine des Bois 2013
Nez assez intérieur. On retrouve presque un premier nez légèrement animal. Jolie bouche, matière consistante, léger gaz carbonique ici encore. Un vin pas très aromatique mais bien bâti. Il y a du gras. Un vin assez chaud aussi. Très Bien (11 points : 2e Dauphin ex aequo)

Une réflexion sur « Compte-rendu de dégustation : Tavel »

  1. Beau compte rendu avec une bonne mise en boîte du vin populacier ! Effectivement le résiduel de gaz carbonique marque une évolution pas toujours très heureuse du Tavel . Un ex vertiviniste qui prend toujours plaisir à lire la prose vertivienne.

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