Mouzillon comme Vallet est une ville du Muscadet ou le poids du négoce est profondément ancré. La vente directe s’y est très peu développée contrairement à Clisson, Saint Fiacre ou d’autres communes. Michel Luneau rappelle à loisir que lorsqu’il a voulu mettre un panneau du domaine sur la départementale dans les années 60, un négociant était venu lui demander de “faire tomber le panneau” s’il voulait encore qu’il lui prenne son vin.
Tillières, c’est une commune du Maine et Loire… l’une des rares du Maine et Loire à produire du Muscadet. Tillières est un peu loin du reste du vignoble. Il y règne une très bonne entente entre les vignerons. Un peu comme au Pallet.
Les deux communes ont choisi de s’associer pour une démarche de cru communal. Comme partout en pays nantais, chaque vigneron faisait une belle cuvée mais l’entrée dans une démarche de cru implique des pratiques rigoureuses sur des rendements stricts qui y sont peut-être moins instinctives que dans d’autres communes… qu’à cela ne tienne Mouzillon apprend…
Qu’est-ce qui fait la singularité des Muscadet de Mouzillon et de Tillières par rapport aux autres Muscadet ?
– Primo un climat différent des crus qui ont une présence de grandes masses d’eau (Goulaine, Grandlieu) : l’amplitude thermique est beaucoup plus marquée à Mouzillon qu’au Landreau. Ce qui génère un décalage du cycle de la vigne. Mouzillon-Tillières, c’est la zone la plus tardive du vignoble nantais.
– Secondo c’est un sous sols de Gabbro (comme pour le cru Gorges) avec un système de buttes (qui cumule à 60 m au dessus du niveau de la mer) créée par la dépression de la rivière Sanguèze (d’où le premier nom des vins de Mouzillon-Tillières appelé “Rubis (nom local du Gabbro) de la Sanguèze”)
– Tertio les sols sont sablo-argileux composés de sédiments graveleux avec quelques cailloux granitiques ou de gabbro en surface. La proportion d’argile est importante par rapport à d’autres terroirs du Muscadet (comme à Gorges). Ce sont des sols lents à se réchauffer au printemps mais aussi des sols plus fertiles qui génère plus de travail pour éclaircir ou désherber. Les vignes ne connaissent pratiquement jamais de stress hydrique : les vignes viennent lentement à maturité.
– Quattro… et c’est ce qui distingue Gorges de Mouzillon-Tillières, les usages en terme de maturité du raisin sont différents. Mouzillon-Tillières ramasse ses raisins beaucoup plus tard que Gorges. Ce qui en fait des vins moins acides qu’à Gorges.
En bref, les vins de Mouzillon-Tillières sont reconnus pour avoir la complexité aromatique la plus importante des démarches de crus du Muscadet… avec le vieillissement. A cet effet, nous regrettons de n’avoir pas trouvé plus de cuvées âgées dans la dégustation.
Pourquoi avoir conservé le nom des deux communes alors qu’une seule aurait pu être plus facile à retenir ?… bon on s’en doute chaque village a voulu garder son identité… Même si un nom à rallonge peut pénaliser tels les AOC Saint-Pantaléon-les-Vignes (tombé dans les oubliettes de la conscience collective depuis bien longtemps) ou Grignan-Lès-Adhémar quand on n’a pas encore le prestige de Pessac-Leognan…
Vertivin était accompagné de Jean-Yves Bretaudeau, Président de l’association du cru Mouzillon Tillière pour cette séance.
Comme d’habitude, mes commentaires figurent en clair (Moyen, Bien, Très Bien, Excellent, Grand Vin) et les points attribués collectivement entre parenthèse (3 points par dégustateur).
Muscadet de Sèvre et Maine, Vignobles Cheneau, Mouzillon-Tillières 2012
Nez un peu réducteur (blé mur, farine), la bouche est mure, riche, un peu plate en finale. Rétro-olfaction peu marquée sur des notes de peau d’orange. Amer marqué. Bien + (0 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Dominique Hardy Mouzillon-Tillières “les Fauries” 2012
Nez ouvert de poire, agrume. Bouche riche, ample, élégante, vivacité élégante qui tend bien le vin. Finale sur des notes de peau de pamplemousse. Très Bien + (6 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Christian et Pascale Luneau, Mouzillon-Tillières “Nuance” 2010
Premier nez un peu réduit. Un équilibre moins mur que les vins qui ont précédé, plus vert, plus pierreux. La bouche est assez simple, plutôt monocorde. Amers assez marqués. Bien (1 point)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine de la Papinière, Mouzillon-Tillières 2010
Nez assez discret, fermé, la bouche est très ronde, cuite assez mure. Globalement bien fait mais laisse une impression de manque de personnalité. Bien + ( 0 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine du Moulin, Roger Boisdron, Mouzillon-Tillières 2010
Joli nez de citron confit, agrumes, épices, fruits cuits. Un nez très complexe. La bouche est large, mure, crémeuse, gourmande avec des amers bien intégrés et une belle tension. Très Bien++ (11 points et vainqueur du collectif ce soir)
Muscadet de Sèvre et Maine, Xavier Gouraud, Mouzillon-Tillières Clos de la Barrilère 2010
Premier nez un peu fermé plus vert, plus floral que les autres vins… plus gorgeois. La bouche est riche, tendue, racinaire en fin de bouche, amers de Suze. Un vin moins mur et pourtant un bel équilibre… de belle garde. À goûter avec des Gorges. Très Bien (0 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Joël Forgeau, Mouzillon-Tillières 2009
Nez de lait noisette, bouche ronde, un peu lacté, peu d’acidité… symptôme des millésimes chauds, ce qui aplatit un peu la fin de bouche. Bien. (0 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Patrice Aubron, Rubis de la Sanguèze 2007
Nez tertiaire, ciré, pâtissier, menthé. Bouche grasse, vive, bien tendue: longue finale tertiaire. Certains ont perçu des notes de tabac. Très Bien + (7 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine du Colombier, Mouzillon-Tillières 2007
Nez plus intérieur. On trouve des notes de tarte au poire, de vanille. Le vin est rond et gras. L’équilibre est plus réducteur, plus dur en bouche. Finale vive et très tranchante. Bien ++ (5 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Stephane et Thierry Luneau, Mouzillon-Tillières, “tradition Stanislas” 2007
Nez de poire cuite, bouche mure et épaisse. Belle tension, léger perlant… à attendre encore 4-5 ans avant dégustation optimale mais dors et déjà un joli jus. Très Bien + aujourd’hui certainement mieux plus tard (10 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Stephane et Thierry Luneau, Mouzillon-Tillières, “tradition Stanislas” 2003
et mince problème de bouchon.
Muscadet de Sèvre et Maine sur lie, Jean-Yves Bretaudeau, Domaine du Colombier 2002
Joli nez complexe de citron confit, ciré, patissier, miel. Bouche bien tendue… moins épaisse que les vins qui ont précédé mais vive et bien tendue. Très Bien + /++ (9 points)
Roger Boisdron remporte cette dégustation… suivi des frères Luneau, du 2002 de J-Y Bretaudeau, de Patrice Aubron et Dominique Hardy… des vignerons qui ressortent assez systématiquement dans les dégustations de Mouzillon-Tilières que j’ai pu faire à d’autres occasions… vignerons hautement recommandable donc…
Juste une remarque sur la date pour l’anecdote du panneau sur la départementale, c’était à la fin des années 60 et non dans les années 80 !
Bloody Hell’s Stephane, Je modifie de suite.