La thématique de la soirée était : « Bordeaux vins d’œnologue » ou le style des consultants vitivinicoles.
La problématique était : Peut on reconnaître à l’aveugle dans deux séries de trois vins de deux appellations différentes (Margaux et Saint-Emilion, prix de 20 à 80 euros) le « style » des consultants vitivinicoles à partir de « l’image » que l’on s’en fait et de notre expérience, notamment de la première série (Margaux) pour la seconde série (Saint-Emilion) ?
Etait connus des dégustateurs les noms des consultants en présence par l’intermédiaire des propriétés conseillées (Michel Rolland, Stéphane Derenoncourt et Denis Dubourdieu) et la présence de Château Bel Air-Marquis d’Aligre en vin « pirate » car sans consultant affiché.
Introduction
En guise de mise en bouche le président nous sert à l’aveugle…
R : Grenat, relativement légère, très discrète évolution.
N : Peu complexe. Iris, poivron. Discrète sous maturité ?
B : Amer dés l’attaque, dur, acide, maigre…
Note : Non noté
Domaine de la vrille têtue
Vin de table (2006)
Vignoble situé dans l’entre deux mer an aire d’appellation Bordeaux supérieur mais… refusé à l’agrément.
« Bad luke » (pas de chance) de l’avis de la majorité du groupe car ne démérite pas forcément face à certains bordeaux à 4 ou 5 euros en linéaire de supermarché cependant … notes de « navet et poussière » signant une pollution du vin par une attaque de champignon détectée par un pro (Romain)… ceci expliquerais alors cela ?
Première série : Margaux
Premier vin
R : Robe violine de bonne intensité, opaque peu brillante, discrète turbidité.
N : Fruité compoté. A l’aération notes de fraise, notes alcooleuses de marc. Boisé grillé perceptible.
B : Attaque tannique. Beau volume. Bonne persistance à la fois tannique et aromatique sur le pain d’épices.
Boisé trop perceptible pour certains membres.
Note : 12.5/20
Château Kirwan 2004. 3° cru classé 1855.
Consultant : Michel Rolland
Second vin
R : Très belle, limpide, brillante, violine jusque sur le bord du disque.
N : Du fruit. Notes fumés selon certains dégustateurs (cépage CS ou bois ?).
Je ne peux reprocher qu’une expressivité et une complexité moyenne.
B : Très beau volume sur des tannins fondus. Grande persistance aromatique sur des notes de cerise. « C’est bon ». Vin très sérieusement « travaillé » dans le bon sens du terme.
Note : 16/20
Château d’Issan 2000. 3° cru classé 1855.
Consultant : Denis Dubourdieu ?
Troisième vin
R : Bonne densité passant du violine au centre du disque au brin en bordure du disque. Discrète turbidité.
N : Vrai nez de parfumerie (ou de maraîcher) d’une grande finesse. Grande fraîcheur. Notes de poivrons (truffes ?), muscade évoluant vers le sous bois.
B : Très beau volume. Tannins présents mais accompagnant la structure du vin, très harmonieux. Vin fin et « volumineux ». Bonne longueur. Gagne encore en harmonie et fondu à l’aération. J’aime… mais le vin n’est pas consensuel. « Rustique » pour certains. « Poivrons, concombre et monolithique » pour d’autres.
Note : 15.5/20
Château Bel Air Marquis d’Aligre 1998.
Consultant : aucun.
Seconde série : Saint-Emilion
Premier vin
R : Brillante, très dense rubis tirant vers des nuances violines.
N : « Waow ». Très beau nez fruité très mur, très riche, confortablement boisé. Peut être un peu monolithique.
B : Grande douceur en attaque, amertume présente de bout en bout avec structure tannique conséquente. Persistance tannique sur les amers supérieure à la persistance aromatique. Bonne rétro olfaction. Vin moderne très bien fait.
Vin polémique de part son boisé…
Note 15/20
Château Clos Fourtet 2004. 1° grand cru classé B.
Consultant : Stéphane Derenoncourt.
Second vin
R : Plus légère, évolution toute débutante.
N : Notes de violette, « parfum ». Complexité intéressante à l’aération.
B : Beau volume. Tannins fondus. Bouche fraîche que n’alourdie aucune sensation de sur maturité. Notes pâtissières (« caramel ») pour certains dégustateurs. On attendrait cependant peut être plus d’arômes en rétro olfaction après un nez aussi avenant. Certes frais mais peut être un peu … ennuyeux.
Note : 13/20 ?
Le Petit Cheval (Second vin du Château Cheval Blanc) 2003. Grand Cru.
Consultant : Denis Dubourdieu
Troisième vin
R : Limpide, Très belle intensité. Evolution toute débutante proche du vin précédant.
N : Peu expressif, peu évolué, sanguin. Notes de « bitume, pétrole, goudron café » pour certains dégustateurs.
B : La bouche commence à sécher. Aspect vieux vin, tannique avec peu de chair.
Note : 10.5/20
Château Fombrauge 1999. Grand Cru.
Consultant : Michel Rolland
Conclusion :
Dur, Dur, de définir les styles des « consultants vitivinicoles».
Autant Château Bel Air Marquis d’Aligre échappant à la mode a pu être identifié relativement aisément comme « sans consultant», autant pour les autres vins l’affaire était plus ardue.
L’extraction et le boisé de Château Clos Fourtet 2004 aurait pu nous orienter vers Michel Rolland… ors le château est conseillé par… Stéphane Derenoncourt. Le style des châteaux Kirwan 2004 et Fombrauge 1999 ne correspond pas vraiment par leur coté un peu « évolué » à l’idée que j’avais des vins conseillé par Michel Rolland… avec une image plus moderne… uniformisante style nouveau monde peut être ?
En ce qui concerne Denis Dubourdieu, il me parait difficile de trouver un communauté de style à Petit Cheval 2003 et Château d’Issan 2000, si ce n’est peut être un respect de leur style respectif…
Au vu de cette dégustation il parait donc difficile de dégager les styles des différents consultants et c’est peut être compréhensible et heureux ainsi.
Compréhensible car il ne faut pas oublier le terroir, le propriétaire et l’équipe qui toute l’année œuvre sur la propriété et a peut être finalement plus de poids que l’intervention ponctuelle des consultants dont l’apport est possiblement recherchée surtout pour l’image et la communication.
Heureux, car nous ne serions pas encore submergé par une uniformisation totale de la production vitivinicole que certains semblent redouter.
Pour finir vous trouverez ci-après un lien vers un « compte-rendu » de l’intervention de Stéphane Derenoncourt « “Les consultants” : « Comment harmoniser le respect des spécificités locales et les apports de la culture vinicole européenne ?» » au World Wine Symposium à la Villa d’Este le 30 octobre 2010. Rien de bien nouveau sur le contenu, par contre la fable du berger écossais et du consultant est savoureuse.
http://blog.cavesa.ch/index.php/2010/11/18/199907-world-wine-symposium-a-quoi-sert-un