La séance concernait les appellations qui souhaitent devenir des crus communaux en tant que tel. Mâcon-Verzé, Mâcon Lugny, Mâcon-Azé… etc. 27 Villages souhaitent aboutir à une démarche de cru villages. Vertivin aime bien s’intéresser à ces appellations car on y découvre des vignerons qui souhaitent produire des cuvées modèles pour aider le collectif à mieux appréhender le lien vin-terroir. On y déniche souvent de bons rapports qualité-prix et des découvertes. Or dans le cas présent, nous avons eu une séance très hétérogène. Alors que la dégustation s’est déroulée en aveugle, en dévoilant les étiquettes, les hiérarchies de notoriété et de prix ont été parfaitement retrouvées : cette séance n’a pas permis de trouver la petite découverte du bon « Mâcon-Bidule » pas connu à 10€.
Alors pourquoi cette hétérogénéité ? Le rapport de la commission d’expert de l’INAO en 2004 avait conclu que la multiplicité des collectes en coopérative ne permettait pas d’identifier une typicité géopédologique d’où une démarche de regroupement (voir à ce sujet https://rge.revues.org/1003). Ce que l’on sous-entend c’est que le système coopératif tel qu’il est construit à ce jour ne permet pas d’affiner le travail parcellaire de chaque appellation. Il est aussi vraisemblable que le rendement de base choisi dans le cahier des charges de 66hl (alors qu’à densité de plantation équivalente les démarches de cru communaux en Muscadet par exemple, proposent 45hl/ha en rendement de base) soit insuffisant pour refléter le lien vin-terroir… de ce fait seuls les vignerons qui s’imposent une discipline plus stricte ont une chance de ressortir en dégustation. Le collectif étant incapable dans le cas présent de s’imposer des contraintes suffisantes, ce sont les individualités des vignerons qui ressortent davantage dans la dégustation pour proposer une vision du lien vin-terroir.
En l’occurrence, collectivement, le vignoble du Mâconnais semble disposer de larges marges de progressions. Il faut espérer que la logique qui a conduit au saccage des locaux de l’INAO de Mâcon de 2005 suite à la réduction du rendement par hectare de 2hl de l’AOC « Mâcon Villages » (elle se situe uniquement au niveau de l’AOC régionale « Bourgogne » aujourd’hui) appartienne au passé. Espérons que les démarches associatives comme celle des « artisans vignerons du Bourgogne Sud » contribueront à une meilleure lisibilité des appellations communales en Mâconnais.
Mâcon-Fuissé, Domaine Sophie Cinier 2016
Nez fruité, très chardonnay, bouche assez mure, saline, plutôt bien faite. Un peu courte aujourd’hui. Pas mal. Une découverte à revoir dans 2 ans pour mieux en évaluer le potentiel. Bien ++ (7 points)
Mâcon-Lugny, Domaine des Terres Gentilles, Dame Chlea 2015
Nez un peu brouillon, sensation boisée en nez comme en bouche. Amer peu agréable. Assez cuit, chaud en bouche. Aromes d’alcool à brûler. Moyen/Bien (5 points)
Mâcon-Chaintré, Domaine Cornin, Les Serreudières, 2015
Nez assez fin, frais. Bouche assez grasse, onctueuse, bien tendue. Intéressant. Bien++/Très Bien (3 points)
Mâcon-Vergisson, Jacques et Nathalie Saumaize, Sur la Roche, 2015
Nez de Chardonnay fruité, précis, intense. Jolie chair, de beaux amers. Très belle tension. Très Bien+/Très Bien++ (4 points)
Mâcon-Fuissé, Domaine Romanin 2014
Un vin qui ne profite pas de l’effet de succession… le nez fait très brouillon. L’attaque est assez intéressante, mure, puis vient une sensation blette, sensation pharmaceutique, alcool à 90°. Amertume désagréable. Moyen/Bien (6 points)
Mâcon-Verzé, Domaine Nicolas Maillet, le Chemin blanc 2015.
Nez précis, “minéral”, craie, floral, glycérine. Belle bouche épaisse, charnue. Beaux amers qui allonge la bouche. Classe. Très Bien ++ (9 points)
Mâcon-Chaintré, Domaine Julien Barraud, Les Pierres Polies (ex Domaine Daniel Barraud) 2014
Nez un peu brouillon, réduit, créme/yaourt comme dans une malo perceptible. Bouche assez dense, plutôt bien structurée. Un vin épais et fermé. A revoir peut-être mais en l’état un peu décevant vu la classe des Pouilly-Fuissé du domaine. Bien+/Bien++ (1 point)
Mâcon-La-Roche-Vineuse, Domaine Merlin, Les Cras 2014
Nez très boisé (bois frais de chêne, scierie). Un boisé de qualité mais très envahissant. La bouche est mure, riche ; elle offre sans doute une des plus belles densités de la soirée. Très élégante vivacité en fin de bouche. J’ai largement confiance en ses capacité d’évolution et la classe volume en bouche me fait mettre un Très Bien ++. En l’état c’est trop boisé. A attendre 7-10 ans que le boisé se fonde (11 points).
Mâcon-Buissière, Eric Texier, Très Vieilles Vignes 2013
Nez ouvert assez pointu, citronné, orange. La bouche est assez droite, très tendue, assez intense. Très Bien/Très Bien +
Mâcon-Verzé, Domaine Anne Claude Leflaive, 2011
Nez boisé, évolué, marin, étrange sensation en bouche : l’impression d’une attaque très large qui s’arrête pour laisser la place à une vivacité assez longue. Ce qu’on appelle une sensation de creux en milieu de bouche. Un vin que je n’ai pas bien compris. Bien++/Très Bien (4 points)
Mâcon-Pierreclos, Guffens-Heynen, Le Chavigne 2008
Nez fin, précis, citron confit, lemon curd, crème aux œufs. Bouche dense, onctueuse, superbement tendue, très homogène. Très Bien++/ Excellent (18 points – vainqueur du collectif ce soir)
Mâcon-Buissière, Céline et Vincent Tripoz, Les Graves 2016
Pour un vin rouge c’est un vin plutôt rosé. Le nez est très déviant. La bouche est dominée par de puissants et violents brettanomycès. Très désagréable. Médiocre (1 point)