Une passionnante dégustation mettant en perspective deux type de terroirs rencontrés sur le vignoble alsacien : les sols marno-calcaires et les sols granitiques.
Nous remercions Florian Beck-Hartweg et Bruno Schloegel pour leur aide précieuse dans la mise en place de cette dégustation.
Les vins ont été dégustés en « semi-aveugle » (liste connue de l’assemblée mais pas l’ordre).
Domaine Martin Schaetzel, Riesling Grand Cru Kaefferkopf 2010.(granit)
Nez assez intense avec des notes pierres et d’agrumes(citron chaud), belle expression malgré la jeunesse.
La bouche démarre par une attaque stricte et tendue, l’acidité tranche dans un premier temps, s’accompagnant s’accompagne de légers amers (peau de citron), nuances de cire en rétro. L’acidité se « crème » un peu en milieu de bouche puis revient sur une pointe citronnée en finale.
De la vivacité, mais c’est mûr et avec une jolie complexité.
Bien ++
Domaine Armand Hurst, Riesling Grand Cru Brand 2008. (Granit)
Nez intense sur une gamme aromatique assez éthérée et miellée, une pointe florale et épicées.
L’attaque en bouche est mordante, l’acidité semble un peu plus prégnante tout en long de la bouche ; rétro sur ces notes citronnées et anisées, finale assez salivante.
Bien
Florian Beck-Hartweg, Riesling Grand Cru Frankstein 2009 (Granit)
Nez assez intense quoique plus fermé que les vins précédents, très floral (acacia, camomille, tilleul) et fruité (agrume).
La bouche démarre sur une impression crémeuse et ronde mais sans la moindre forme de lourdeur. L’acidité marque une remarquable délicatesse, revenant par vague, tantôt fine et présente, tantôt presque évanescente. Rétro toujours florale avec des notes de fruits (abricot), d’épices fraîches et de menthe. Finale saline toujours fine et délicate.
Damned ! C’est mûr, c’est concentré, c’est délicat, c’est gourmand.
Très Bien ++
Domaine Zind-Humbrecht, Riesling Clos Hauserer 2008 (bas du Hengst, marno-calcaire)
Nez intense, pierreux mais aussi marqué par un peu de réduction. Un peu de cire comme pétrolée après aération.
Attaque compacte en bouche avec, pour la première fois, des amers vraiment puissants accompagnés par une acidité austère et un peu sèche, laquelle demande à se polir. Un peu de zeste de citron en rétro. La puissance du duo amer/acide semble un peu dominer l’ensemble du tableau. Sans doute un peu jeune.
Bon, c’est le seul non Grand Cru de la série mais ne nous voilons pas la face, vu le prix de la quille c’est, en l’état, une déception pour l’assemblée.
Moyen
Domaine de l’Oriel, Riesling Grand Cru Brand 2007 (Granit)
Nez intense, avec des notes pierreuse, d’épices (badiane), de fleurs blanches et de pêches et d’agrumes, c’est complexe et harmonieux.
Début de bouche rond et non dénué de souplesse avec des nuances d’ananas cuit/roti aux épices, de citron chaud et une impression exotique. La finale s’avère plus nerveuse avec une acidité allant un peu crescendo mais avec beaucoup d’élégance et sans jamais passer au premier plan. C’est très long en bouche avec beau prolongement de la finale aromatique et une magnifique salinité en filigrane.
Fiou, c’est beau.
Très Bien ++
Sylvie Spielmann, Riesling Grand Cru Kanzlerberg 2004 (Marno-calcaire)
Le nez reste intense, très fruits de la passion, épices, kiwi, tilleul, cerise (noyaux).
Attaque souple en bouche qui tourne ensuite sur une impression plus « huileuse » avec une acidité patinée, rétro sur la cire avec un peu d’amers laissant une sensation de chaleur.
L’expression aromatique est mûre et complexe mais la bouche est un peu dominée par une sensation chaude.
Bien
Domaine Clément Lissner,Riesling Grand Cru Altenberg de Wolxheim 2004 (Marno-calcaire)
Le nez est expressif évoquant, dans un premier temps, une palette légèrement végétale (fougère, herbes aromatiques), puis fruitée et épicée.
La texture en début de bouche allie une jolie densité à une acidité précise mais crémeuse relevé par une rétro complexe sur le menthol, le citron, le pin, le romarin et l’eucalyptus, à la fois fraîche et chaleureuse.
A l’aération le vin gagne en complexité et en élégance, la finale s’avère assez saline avec une acidité un brin tranchante qui se rappelle à notre bon souvenir.
Très jolie évolution.
Très Bien.
Domaine Geschikt, Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 2002, (Granitique)
Nez intense sur des notes plus évoluées de beurre, caramel, miel.
L’attaque en bouche débute solidement mais la suite s’avère un tout petit peu plus fluide en milieu de bouche avec des amers assez intenses mais tout de même policés. On perçois une agréable complexité sur une gamme légèrement torréfiée (caramel, lait brûlé) et balsamique, puis l’ensemble évolue vers un type plus fruité avec des détours par l’écorce d’orange confite, les fleurs, le cuir et un coté tourbé-iodé. La finale se présente un peu plus crémeuse et texturée mais soutenue par une acidité aidant au maintient d’une certaine fraîcheur.
Bien ++
Domaine de l’Oriel, Pinot Gris Grand Cru Sommerberg 2007 (Granitique)
Le nez est assez intense, peu typé Pinot Gris pour moi (mais plus selon d’autres dégustateurs), avec une expression complexe rappelant la pierre chaude et les épices (vanille, cumin, curry…).
L’amorce en bouche frappe par une attaque suave et très miellée mais qui se tend rapidement par l’intermédiaire d’une acidité particulièrement subtile (Comme le Riesling du même domaine), rétro sur les épices, notamment la badiane, légèrement fumée. Le vin paraît encore jeune mais montre un superbe équilibre. J’aime beaucoup.
Très Bien +.
Domaine Bott-Geyl, Pinot Gris Grand Cru Sonnenglanz 2004 (Marno-calcaire)
Expression aromatique intense sur le sous-bois, champignon à la crème, miel et acacia.
Bouche ronde et épaisse, avec une jolie liqueur, c’est plus opulent mais sans sombrer dans l’excès, rétro qui évoque le pop-corn et le caramel. Plus flatteur pour certains, mais un peu plus simple -quoique bien fait- à mon goût, j’aimerais un peu plus de profondeur.
Bien.
Florian Beck-Hartweg, Gewurztraminer Grand Cru Frankstein 2008 (Granitique)
Nez très intense et complexe sur la rose, le jasmin, la violette, l’anis, des notes de citron et aussi de sauge.
L’amorce en bouche frappe par une forme de fraîcheur toute en élégance, c’est très mentholé, anisé et citronné. Comme sur le Riesling, l’acidité séduit par sa tenue fine, délicate et ondoyante avec une impression salivante, saline et digeste en finale. Rétro sur une dimension florale ainsi que des notes de citrus et dattes. On en redemande.
Excellent.
Marc Tempé, Gewurztraminer Grand Cru Mambourg 2006 (Marno-calcaire)
Nez intense sur le miel, impression de cire, de curry, très confit.
En bouche… Ouch ! C’est opulent et compact, imposante liqueur relevée par de jolis amers. La trame aromatique prend un caractère un peu éthérée :essence de fleurs, cumin et cardamome. On distingue en outre une orientation fruitée vigoureuse qui rappelle la mangue, l’ananas, le fruit de la passion et l’abricot cuit. Un peu de volatile pour moi. Mais c’est un vin très charnu, on a envie de mordre dedans, il appelle la gastronomie.
Très Bien.