Quasiment à chaque fois que l’on goûte un Muscadet élevé en barrique au milieu d’autre cuvées, en général, celui-ci se fait rétamer. Alors pour laisser une chance au Muscadet sous bois, on a décidé de lui dédier une séance. C’est vrai quoi finalement : la barrique est le contenant originel du Muscadet et la fameuse « barrique de noce » que l’on gardait pour les grandes occasions est une référence historique. Par ailleurs les nantais avaient leurs propres formats de barrique : la barrique nantaise et la busse nantaise (plus allongée).
Aujourd’hui, ce type de Muscadet est assez marginal et ne représente pas un gros volume de ventes mais on peut penser que près de deux domaines sur trois ont une cuvée élevée en barrique pour proposer une gamme auprès de la clientèle particulière. Dans les portes ouvertes des vignerons, on vous les sert avec un clin d’œil « ça vaut bien un Meursault ». Alors on va clarifier les choses tout de suite, la majorité des Meursault, sont élevés dans des barriques au double du prix de la majorité des élevages en Muscadet. Et mine de rien, dans les élevages en barriques, généralement, moins on y met le prix, plus on a de risque de sortir des arômes de jus de vanille un peu pâteux. Les premiers Taurus de Fred Niger avaient été élevés dans des barriques de Lalou Bize-Leroy et on s’était dit « ah bah quand même, ça envoie ». La deuxième problématique est la question de la fermentation malolactique. Est-ce qu’on la bloque ou non. Là encore, le savoir faire bourguignon en matière de fermentation malolactique réussie est indéniable. Quand on laisse la nature faire, on prend le risque d’obtenir des arômes de yaourt pas très avenant.
Quoiqu’il en soit Il y a quelques cuvées de Muscadet en barrique qui méritent notre attention. Outre l’inévitable vin du vignoble VGC au château du Coing qui signe à mon sens le plus élégant vin de la soirée, on notera l’inattendu Château de Rochefort à la Haie Fouassière dont nous n’avions jamais encore dégusté les vins : un vin d’un très bel équilibre. Le collectif a également apprécié l’élevage en fût de chêne de Frédéric Guilbaud : un vin habitué du guide Hachette.
Muscadet, Domaine Poiron Dabin, Clos de Tabardières 2022
Nez assez classique, vanille, bouche ronde, amertume très marquée, crémeux, peu d’acidité, très vanillé, marqué par le bois. On soupçonne une malo. Bien + (3 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Laurent Bouchaud, Souffle Boisé 2022
Yaourt, pomme, eau de vie, bouche assez oxydative, barrique, amers marqués, volume moyen, légère vivacité. Moyen+ (3 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine du Bel Air, Emmanuel Audrain, Le Prestige 2022
Nez assez neutre aromatiquement, gentiane. La barrique se sent en bouche mais sans excès. Le vin est salin, marqué encore une fois par de puissants amers, assez vif, frais, tendu. Un vin qui laisse une bonne impression. Bien ++/Très Bien (6 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Château de Rochefort, Clos de la Marine 2021
Nez très ouvert, mangue, fruits confit, sensation de maturité, quelques notes de blédine. Bouche assez vive, acidulée, tendue, assez amère. Un joli vin au boisé bien fondu. Hautement recommandable. Très Bien (9 points– Vainqueur ex aequo du collectif ce soir)
Vin de France, Michel Delhommeau, Delta 2021
Barrique / jus de vanille très présente aromatiquement. En bouche, le vin est bien fait. Légèrement sucré par le fût, fin, équilibré mais en rétro, la vanille est encore très marquée. Bien ++ (5 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Raphaël Luneau, R de la Grange, Cuvée du Chêne 2019
Yaourt, crème sure, lait ribot, bouche très ronde, très crémeuse. Pas d’une élégance époustouflante. Moyen + (0 points)
Vin de France, Domaine de la Foliette, L’insolite n°4
Volatile, oxydatif, pomme très fortement marqué par l’éthanal. Matière convenable. Un équilibre jurassien. (Sans So²). Bien dans un style qui lui est propre (3 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Château de la Bretonnerie, F. Guilbaud, élevé en fût de chêne 2018
Retour d’une vanille assez marquée, épais, sans doute une malo, exercice assez bien maîtrisé, assez vif. Un style assez bourguignon il faut bien le dire. Bien + à Bien ++ (9 points – Vainqueur ex aequo du collectif ce soir).
Muscadet de Sèvre et Maine, VGC, Château du Coing, élevé en fût de chêne 2018
Caramel au lait, notes d’élevage, sensation d’aromes de maturité. Bien équilibré, assez vif. Tendu. Très plaisant. Très Bien / Très Bien + (7 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaines Landron, Hautes tradition 2018
Nez étrange. Mercaptan ? algue ? Difficile de se prononcer (0 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine des Cormiers, Fleuron du Cormier, Fût de Chêne 2015
Un vin qui pâtit d’un millésime compliqué. Arômes végétaux, lierre, jacinthe, bouche mordante d’acidité, amers notables. Aucune sensation de barrique. Bien (0 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine Bruno Cormerais, Maxime 2016
Nez évolué, peu de barrique perceptible, bouche mure élégante, onctueuse, orange mure. Bien vinifiée. Amertume assez marquée. Très Bien (3 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Domaine Bid’Gi, Vieilles Vignes 2016
Puissant arome de barrique, de jus de vanille, bouche grasse, épaisse, du coup la matière est bien présente, un léger caractère acidulé, astringent. Mais trop de bois perceptible. Trop fatigant. Bien (3 points)
Muscadet de Sèvre et Maine, Jardin d’Edouard, Exception, 2014
Barrique plus discrète. Perception aromatique lactée. Matière convenable. Manque un peu de vivacité mais la bouche offre de la longueur. Plutôt pas mal. Bien ++/Très Bien (3 points)