Compte rendu : Exercice Jury Nez / Jury Bouche

Nous retrouvons un Compte-rendu de Jean-Luc Poignard et son chatoyant langage sur la séance Salivertivin du 6 décembre dernier.

Nous nous retrouvâmes ce Mardi 6 décembre à 20h30 pour notre nouvelle séance de groupe avec Salivertivin.

Prologue : Nous devions accepter d’être enrôlés comme Jury sur une sélection de vin du Rhône Sud (appellations variées) blancs et rouges. Mission nous fut confiée, par Jocelyn de noter chaque vin sur une échelle de note allant jusqu’à  20, sachant qu’en général les notes allaient de 13 à 20 dans les guides. Cela nous parut d’abord simple, en apparence, mais en réalité ce fut bien plus compliqué. Car en effet, la note fut coupée en deux. Une table eut à noter les nez des vins tandis que l’autre eut à noter les bouches. Les dégustateurs de cette dernière table furent munis de pince-nez de piscine fort inconfortables ce qui nous fit redécouvrir, pour certains dégustateurs, l’extrême générosité de la nature en matière d’appendice nasal. Nous fîmes une moyenne par table, puis une fois la note attribuée, nous eûmes le droit de goûter intégralement le vin. Pas si simple !

Chapitre 1  LES BLANCS:

J’étais à la table des « Bouches » pour la première partie, affublé de la pince en plastique sur mon tarin obstrué. Le vin numéro 1 était un blanc, un Lirac classique du Domaine La Rocalière 2015. Il faut avouer que mes capteurs sensoriels eurent peu à révéler,  car hormis les aspects basiques de types sucré/acide/fruité/alcooleux/amers/perlant ou marqué de CO2, nos langues restaient muettes sur le reste. Ainsi pour ce vin la sucrosité était peu marquée, l’acidité plutôt présente tandis que les amers et un aspect alcooleux pointaient leur petite mine en catimini. Toute notion d’arôme précis disparût, ne nous laissant que de maigres indices d’appréciation, et une forte frustration face au vide, comme lorsqu’un rhume vous gâte le palais au restaurant. Je notai, puis je goutai ; le vin obtint la moyenne de 14.25 en bouche et seulement 13.7 en nez. Mais l’écart d’un demi-point me parût peu élevé, ce qui me souligna la cohérence du contenu du flacon ainsi que celle du jury.

Pour Le vin numéro 2, nous reçûmes dans nos verre un viogner cuvée les Dames Blanches du Domaine de Grangeneuve  2015. Nous sirotâmes, grumant le liquide à loisir et le faisant tournoyer dans notre palais en quête de sens. Langue ma chère langue ne vis tu rien venir ? Et bien si : très peu de sucre, une acidité discrète, des amers longs et délicats surmontés d’une note beurrée. Le vin sembla gras et musclé, marqué par un alcool plus intense que le précédent. Affichant un CO2 présent avec un côté perlant auquel je n’avais pas prêté attention au début. Nous nous prononçâmes l’un après l’autre, l’un d’entre nous calcula et le vin obtint la moyenne de 14.625 en bouche atteignant tout de même 15.1 en nez.

Le vin numéro 3 n’eut pas de chance et notre palais non plus. Nous séchions et restâmes silencieux plus qu’à l’accoutumée. L’affaire était trouble, comme la robe. Pas de saveur sucrée, ni d’amertume, ni de gras dans ce Clos de T A.O.C. Ventoux Bio – Blanc 2013 qui affichait une teneur en alcool moyenne. En conclusion 11.8 en bouche et 13.7 pour les nez.  Dans notre groupe, le nez nous parut oxydé et réduit avec des notes de pommes blettes. La bouteille était elle seulement défectueuse ?

Chapitre 2

Nous passâmes aux ROUGES et changeâmes de rôle. Finis les pinces nez, enfin nous allions pouvoir nous dégager narines et gagner en précision sensorielle !

Le vin Rouge numéro 1 était une pure Syrah de 2014,  parfumée de poivre et d’un peu de menthol, de fruits rouge comme le cassis et la mûre, des accents de romarin, une note sanguine et une minéralité affirmée, structurante comme marqué par la présence du fer. La cuvée S d’Orgamic du Domaine Orgamic en I.G.P. Vaucluse nous offrit des promesses de plaisir buccal à venir… oui, mais il fallait se débarrasser des habitudes et noter d’abord. Estimations et calculs donc. Ce qui, pour les sans nez, lui donna un ensemble à 15.5/20et indiquait que le jury avait apprécié. Mais aussitôt goûtée, la bouche du vin nous paru tannique et asséchante comme issue d’un jus marqué par une sècheresse surprenante, manquant peut être d’un peu de maturité ou simplement de temps pour se fondre dans son flacon. N’était-il pas logique que nos collègues de bouche lui assènent un 13. Que se passait-il ? Avions-nous été enivrés par les vapeurs de cet IGP Vaucluse au point de devenir trop sévère?

Le vin Rouge numéro 2, un vin issu du Domaine La Roubine – AOC Vacqueyras – Rouge Bio 2014 nous ramena à la réalité de notre jugement. La robe était plus sombre ; Il s’en dégageait un fruité mûr, une plaisante complexité qui nous rappela un souffle de vent caressant la garrigue. Les dégustateurs bouche notèrent à 14.5.  Nous appréciâmes cette minéralité aux accents sanguins mais extrêmement bien fondue tellement que 16.2 fut la moyenne de notre groupe, cette très bonne note prouva que nos sens ne nous avaient pas quittés.

La bouche confirma notre odorat, les arômes s’étirèrent en longueur finissant sur des amers qui nous indiquèrent qu’un temps de garde supplémentaire ne saurait nuire à cette jolie bouteille afin de laisser ses tannins se fondre. Patience …

La Ferme Saint Martin en AOC Beaumes de Venise Rouge avec la Cuvée Saint Martin Bio 2014 à la robe sombre légèrement trouble aux reflets violines nous fut présentée comme Le vin Rouge numéro 3. Le nez exhala les épices, des notes animales qui lui donnaient un caractère plus serré. Le vin semblait avoir conservé les qualités d’un jus de base épicé. Le nez donna son verdict à 14.37 de moyenne sous évaluant légèrement par rapport à la bouche à 14.7 sur 20.

Puis vint la Cuvée Marie Louise du Domaine des Gravennes AOC Côtes du Rhône 2013 au nez à la note de 15.25 et la bouche 13.5 sur 20. Des parfums qui reflètent un fruité équilibré doté d’une note compotée, à la trame bien faite. Une pointe sanguine conversant doucement avec les oranges sanguines, une certaine profondeur  aux accents de garrigue. En bouche l’acidité se montre vive, fraiche et marquée, reste sur les oranges sanguines mais tirant sur l’amertume. Il y eut peu de rondeur dans ce verre ce qui expliquait notre écart de note.

Pour le vin Rouge numéro 5, le Côtes du Rhône Remejeanne Terre de Lune 2013, nos verres devinrent aussi opaques que des encriers et leur contenu nous entraina vers un nez complexe mêlant des arômes de plusieurs familles lui donnant une note 15.56 sur 20. Un vin travaillé par un élevage en fûts. Des fruits mûrs, un caractère rustique. Les bouches testeuses lui donnèrent 14.5.

Pour moi, la bouche était ronde et agréablement alcooleuse, exprimant le résultat d’un beau travail et la valeur d’un vin gras aux tannins souples qui tient ses promesses.

Le Domaine de l’Amandine – AOC Rhône Villages cuvée La Montagne 2012 sortit en vin Rouge numéro 6. Sa robe plus limpide qu’au verre précédent et son premier nez très plaisant sur des notes florales, épicées et fruitées nous exprimèrent beaucoup de charmes et nous donnèrent une véritable envie de le goûter ce qui se traduisit par un 16.18 tandis que sa bouche seulement à 14.5. Un vin qui pourtant nous donna faim, suscita l’appel de notre belle gastronomie et de ses bonnes choses sur la table. Les arômes de cassis et de mûres additionnés à un parfum de violette en firent à nouveau un vin prometteur. Nous décelâmes aussi sa minéralité lui amenant une structure charpentée mais digeste.

Nous atteignîmes le vin Rouge numéro 7 au nez noté 17.56 sur 20 de pruneau de confiture, de réglisse, et d’épices cachées dans sa robe épaisse et brune. Un  Châteauneuf -Du-Pape cuvée CLOS DU MONT OLIVET millésime 2010 qui instilla sa puissance terreuse, flirtant avec une bouche marquée par des arômes de cacao et de caramel. Mais point trop de sucrosité ne se dénota dans ce vin là ! L’équilibre faisait la loi. La moyenne de bouche à 16/20 nous fit prendre conscience que le niveau de gamme s’élevait petit à petit vers les sommets.

Avec les arômes un peu moins marqués du vin Rouge numéro 8 et malgré sa robe rouge très épaisse nous fîmes la rencontre avec un ensemble étonnant, finalement plus souple, d’une maturité prononcée mais sur un vin au caractère sensiblement moins évolué. Paraissant plus jeune, la prune et l’orange sanguine se mêlaient au cassis et à la mûre. Le Châteauneuf -Du-Pape du Domaine de la Janasse 2010 eut un 15.62 par notre groupe et 15.55 par le groupe de bouche. Bouche que nous trouvâmes d’un bel équilibre conservant toute la fraîcheur du fruit, arguant d’une belle trame qui faisait la part belle à l’acidité, aux tannins plaisants et à une fine sucrosité.

Cette Cuvée Des Consuls en 2007 du Château Les Eydins en A.O.C. CÔTES-DU-LUBÉRON – arriva en conclusion d’un exercice étonnant mais passionnant et récolta la note de 16.87 en nez, légèrement en deçà de sa note de bouche à 17.4 sur 20. Avec sa robe aux reflets légèrement bruns et après son approche en premier nez fruité, sanguin à la minéralité présente et finement métallique, ce vin partit vers des nuances de viande et une compotée de prunes vraiment très sucrée.

Sa bouche tirait vers des indices cacaotés, un peu caramélisés. Les tannins étaient assez souples, l’acidité toujours présente lui donnant une assez belle longueur.

Or ce n’était pas tout à fait fini car à partir de notre expérience du soir, Jocelyn nous proposa de faire une proposition supplémentaire, celle d’associer la photo des vignerons correspondant aux vins que nous avions goûtés… pour vérifier si nous étions de vrais « Vinyonomistes ». Ce qui ne s’avéra pas le cas pour moi ni pour mes comparses les plus proches dont le score fut proche de zéro. Comme quoi si l’habit ne fait toujours pas le moine, on ne peut juger des vignerons et des vins que par la vigne et non par la mine.

 

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