Compte-rendu : Coteaux du Loir rouge

Dernier compte-rendu de la saison pour les coteaux du Loir rouge à Vertivingstone

Rares sont les comptes rendus un peu exhaustifs sur les Jasnières et les Coteaux du Loir… Oh bien sûr plein d’internautes ont beaucoup d’avis sur les domaines “incontournables” des coteaux du Loir… La “référence” couramment admise étant le domaine de Bellivière mais en même temps les internautes spécialistes et cavistes parisiens qui ont plein d’avis sur la question n’ont que trop rarement goûté d’autres Jasnières et coteaux du Loir que celui-ci… (je vais me faire des amis là). Je ne connais pas beaucoup de dégustations comparatives des vins de la région… même si un récent article de Jacques Dupont dans le Point me donne tort. Peut-être s’est il aperçu d’un manque lui aussi.
Alors bien sûr, les coteaux du Loir, c’est avant tout un cépage spécifique et singulier : le Pineau d’Aunis. Un cépage qui stupéfie chaque amateur débutant pour ses puissants arômes de poivre. Un cépage qui me réjouit d’allier sur mes grillades estivales. Un cépage naturellement tannique pour lequel nombre de vignerons choisit de n’embouteiller directement que le vin de goutte pour laisser le vin de presse dans les assemblages du négoce. La question qui se pose à l’amateur c’est de savoir si ce cépage ne donne que le vin peu coloré, poivré, frais, tannique qu’il paraît ou s’il peut être plus que cela…
Merci à Amandine Fresneau qui nous a permis de récupérer des vins de différentes propriétés, car l’approvisionnement en vins des coteaux du Loir est très compliqué : petite production, distribution locale, faibles référencements de cavistes, syndicat des vins minuscule, vins rares dans les maisons des vins de Loire (qui ne vont pas jusqu’à Nantes en tout cas). Une séance très compliquée à organiser… C’est plus facile de faire une séance de dégustation de Pinots Noirs néozélandais.
C’est une dégustation intéressante qui me confirme, plus que je n’aurai imaginé le fait que le pineau d’Aunis ne doit pas être un cépage facile à vinifier : il faut tenir un cap entre oxydation et réduction, entre tanin brutaux et matière légère qui ne semble pas facile.

Coteaux du Loir, Domaine de Cézin (Amandine et Xavier Fresneau), Aunis 2012
Nez de poivre, de framboise et de cannelle. La bouche est assez tendre en attaque, le tanin assez ferme, un peu séchant. Finale acidulée. C’est tout à fait ce que j’attends d’un Pineau d’Aunis pour mes grillades. Bien ++ (3 points)

Coteaux du Loir, Domaine de la Roche Bleue, (Sébastien Cornille), La Guinguette 2011
Nez de poivre teinté de brettanomyces pour lesquels je suis malencontreusement hypersensible… cela ne me dérange pas trop au nez… cela donne un arôme d'”andouille au poivre” assez appètent. La bouche est marquée par un léger CO² (pour protéger une vinif avec peu de SO² sans doute), un peu de sucre résiduel (de levures indigènes qui peinent à aller au bout de la fermentation). Tout cela donne un vin très nature pour lesquels les brettanomyces dominent malheureusement un peu trop la fin de bouche pour être agréable… Moyen + (3 points)
  

Coteaux du Loir, Jean-Marie Renvoisé, Vignes centenaires de pineau d’Aunis 2011
L’étiquette est un peu kitch sur fond de tapisserie de ma grand-mère, mais le vin est doté d’un tempérament singulier : pétrolé, poivré, épicé, bourgeon de cassis, il offre un tanin ferme, un joli jus bien charnu, une rétro-olfaction très pétrolée tendance cuve de fuel comme sur un pinot noir du domaine de la Barbinière en Vendée… un vin encore une fois doté d’un gros tempérament. “think different” Pas mal du tout. Très bien+ (4 points)

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Coteaux du Loir, Domaine de la Charrière, Joël Gigou 2010
Le nez est très réduit… un carafage devrait s’imposer : le nez n’est pas très agréable à ce jour (herbe terreuse humide, ensilage, chou, étable) qui s’améliore un peu à l’aération. La bouche est poivrée, charnue, assez tendre avec un petit tanin ferme. Jolie bouche mais le nez n’est pas complètement en place… C’est le moins qu’on puisse dire. Bah disons quand même “Très Bien” (6 points).

Coteaux du Loir, Domaine de Bellivière, Rouge Gorge 2010
Léger bois au nez, un nez adouci par le fût qui donne un côté plus “poivre blanc au cépage”  : un nez assez intense, droit bien équilibré. Bouche marquée par un léger gaz carbonique qui n’est pas partie malgré l’élevage en fût. La bouche est bien structurée, le tanin ferme, bouche assez crémeuse et concentrée. Léger tanin de bois (un peu séchant). Moins rigolo et typé “aunis” (un peu masqué par le bois) que les vins précédents mais globalement un très bon vin. Très Bien (7 points – vainqueur du collectif)

 Coteaux du Loir, Bernard Croisard, Vieilles Vignes 2009
Très typé pineau d’Aunis, variétal, poivre puissant, bouche très poivrée très long aromatiquement. La bouche est robuste, le tanin serré puissant, une structure solide ; moins de chair toutefois que les trois vins qui l’ont précédé. Bien++ (5 points)

Coteaux du Loir, Domaine de Maisons Rouges, Benoît Jardin, Alizari 2009
Outch, un peu de bretts au nez, à l’aération encore plus de bretts, léger CO² en bouche; des tanins fermes une jolie matière en bouche, une bouche très fine, très élégante, tanins joliment dessinés. Brett en rétro omniprésente… un jolis jus mais vraiment trop de brettanomyces pour moi : insupportable !  Je suis vraiment déçu parce que je suis un fan d’autres vins du domaine. La gestion des élevages longs sur des millésimes puissants et la problématique de la protection des vins et de l’hygiène du chai nécessaire pour pratiquer les élevages longs : si on ne veut pas trop sulfiter, soit on limite la longueur de l’élevage, soit on frotte pour une hygiène impeccable… enfin c’est ce que je ferai. Bon bref… Moyen/Bien (3 points)

Coteaux du Loir, Bénédicte de Rycke, Tradition 2000
Super surprise que ce 2000 que nous a retrouvé Bénedicte de Rycke dans sa cave. Le nez est poivré, fruité, légèrement pétrolé. Attaque en bouche également légèrement pétrolée, bouche marquée par l’évolution, il a la souplesse de l’âge. Il n’avait sans doute pas nécessairement une très grosse matière originellement. Le tanin de prunelle est encore bien présent : il ne partira plus… un vin qui a assez bien vieillit sans trop de ride. Bien ++ (3 points)

 

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Une réflexion sur « Compte-rendu : Coteaux du Loir rouge »

  1. Je m’interroge encore aprés lecture attentive, de ce qui me dérange le plus dans ce compte rendu. L’annonce de mon déces ou la présence de Brett dans l’Alizari 2009. J’y avait décelé à l’époque une réduction à l’ouverture tout a fait acceptable disparaissant aprés aération pour faire place à de trés jolis aromes refletants toute la puissance de ce millésime. Idem pour la guinguette 2011 du talentueux Sebastien Cornille, ou encore une fois la vivacité aromatique n’était en rien deviée.  Revenu d’entre les morts, aprés un court purgatoire sans doute mérité, j’ai ouvert une nouvelle cave à Angers ou je me fait à nouveau l’ambassadeur de ces vignerons injustement, à mon sens, critiqués dans votre article.

    Pascal Ouvrard. L’Andecave Angers.

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