Ce soir c’est une première, enfin pour moi, qui ai la responsabilité d’animer la dernière séance Decouvertivin de l’année 2012. Tout est prêt : Jocelyn m’a confié les 9 vins à déguster ainsi que le document d’introduction de la séance (que j’ai un peu mis à jour et que j’ai surtout lu et relu) ; Romain m’a donné ses impressions sur le groupe de dégustateurs quelques jours auparavant (« un groupe vivant ») et le soir même, je récupère les clés de la salle, l’indispensable rallonge ainsi que le projecteur.
J’arrive trois-quarts d’heure en avance (moi qui ai du mal à être à l’heure pour les séances Vertivinus) avec une angoisse : les vins qui sont encore trop frais, vont-ils être à bonne température au moment de la dégustation ? J’installe le matériel de projection, les chaises, les verres et j’ouvre les bouteilles : pas de problème pour les blancs, mais l’angoisse qui m’étreint jusque-là, finit par disparaître quand je mets la main sur des carafes qui me permettent ainsi de décanter deux vins rouges et par la même occasion de favoriser – du moins c’est ce que je pense – leur réchauffement progressif.
Je suis prêt juste à temps car voilà déjà les premiers participants, puis chacun arrive jusqu’à former un groupe d’une douzaine de personnes. Je me présente brièvement et c’est parti : les premiers points de la présentation défilent doucement (je dois trouver mon rythme) et les premières questions arrivent. Je tâche d’y répondre le mieux possible mais je n’ai pas vraiment de réponse à certaines d’entre elles (Romain, où es-tu ?)
Au bout d’heure, j’amène le groupe à la dégustation proprement dite. Celle-ci, mise à part le premier vin, se fera à l’aveugle, afin que les participants se concentrent sur les vins et leurs caractéristiques olfactives et gustatives. L’idée est de voir dans quelle mesure, le propos principal de l’introduction – à chaque région viticole française, on peut presque toujours y associer un cépage représentatif de la région – se vérifie dans la dégustation. Le groupe me répond que c’est leur première expérience de dégustation à l’aveugle. Allons-y, c’est parti pour une dégustation de 9 vins, un champagne, 3 blancs et 5 rouges :
Champagne Deutz Brut Classic (22.90€): nez frais, avec des notes cacahuètes, fumées et salées. L’attaque est assez grasse, beurrée. L’acidité du vin s’affirme en bouche avec des arômes rappelant l’aspirine. Le vin n’est pas très vineux et peu aromatique. Assez bien.
Alsace Riesling Orschwir 2008 Valentin Zusslin (13.5€): nez agrume, avec des notes de litchis ; le vin est pourtant peu aromatique. L’attaque en bouche est un peu sucrée et acide, puis plus chaude. Les dégustateurs notent des arômes de citron vert, amande et fumé. De beaux amers en fin de bouche, voire une note pétrolée. Le vin est aromatique plutôt représentatif des rieslings alsaciens mais la faible intensité aromatique a égaré les participants. Assez bien.
Bourgogne Saint Aubin 1er cru Sur Gamay 2006 De Montille (24€): nez printanier, note de fruits confits légèrement mentholé. La bouche est plus grasse que le vin précédent avec des notes de brioche. Le vin gagne progressivement en puissance, certains participants parlent de vin poivré. Si le vin n’est pas très complexe, il semble typé et conserve en finale une belle longueur en bouche. Bien.
Cotes de Jura JF Ganevat Cuvée de Garde 2007 (22€) : nez aux arômes noix, frais avec un côté digestif (marc). La bouche est fumée et fraiche. On retrouve les arômes de noix avec en plus une note de cuir. La finale est un peu aqueuse. Ce vin, pourtant caractéristique des vins du Jura, a vraiment dérouté les participants. Son caractère oxydatif est vraiment clivant. Personnellement, j’aime ce genre de vins. Assez bien +.
Les vins sont enfin dévoilés aux participants : tous s’accordent à dire que le riesling ne correspond pas vraiment à leurs expériences de vin d’Alsace, notamment à cause de sa faible intensité aromatique (certes, mais on retrouve quand même des arômes caractérisitiques du cépage selon moi) Par contre, les autres vins blancs sont considérés comme représentatifs de leur région avec une nette préférence pour le vin de Bourgogne selon les participants.
La dégustation en rouge commence :
Côtes de Provence Jas d’Esclans cru classé 2010 (10.44€): nez tabac, puis cassis, cuir, un peu boisé, terreux. La trame tannique est belle ; la bouche est chaude, un peu alcool et compotée. De nombreux arômes cuir, carbone et de fruits murs. Note saline en finale. Le vin semble plutôt jeune pour les participants. Bien+.
Chinon Bernard Baudry Le clos Guillot 2010 (12.3€): nez caractéristique de poivron vert, fraise/mûre, voire cassis. La bouche évoque des fruits rouges, un côté terre. Acidité se confirme progressivement avec une amertume agréable en fin de bouche. Des participants signalent des notes grillées/vanillées (passage en fût) La bouche semble équilibrée. Certains participants parlent d’odeur animale. Tout le monde s’accorde sur la jeunesse du vin. Assez bien+.
Haut Médoc Chateau Belgrave 2009 5ème cru classé (21.9€): nez grillé, frais et un peu alcool. La bouche est crémeuse, chaude avec des notes vanillées et de fruits rouges. Acidité finale marquée. Un vin avec un certain caractère mais qui n’est pas vraiment ma « tasse de thé ». Moyen.
Saint Chinian Veillée d’automne 2009 Clos Bagatelle (7.20€): nez animal, épicé. En bouche arômes de cassis, légèrement sucré et alcool avec de beaux amers. La finale est acide avec une pointe de réglisse. C’est un superbe vin puissant : « un enfant pourrait en boire » s’exclame un participant. Très bien.
Châteauneuf du Pape Domaine de la Charbonnière 2007 (23€): 1er nez un peu réduit, animal. La bouche est compotée (prune), puissante et alcool. Des notes épicées et poivron complète la palette. Fruits mûrs sur la finale avec une légère sucrosité. Amers agréables. La puissance masque quelque peu la longueur du vin. Assez bien.
Cette gamme de vins rouge est assez représentative des différentes régions viticoles ainsi illustrées. Les participants de la séance ont apprécié de très loin le Saint-Chinian avant un tir groupé composé du vin de Bordeaux, du Chinon et du Châteauneuf du Pape. A mettre au crédit de l’animateur J, la séance de dégustation à l’aveugle qui a été appréciée par l’ensemble de participants. De mon, côté, je remercie le groupe pour sa mansuétude quant à mes connaissances viticoles ; comme me l’avait indiqué Romain, c’est vraiment un groupe vivant et attachant !
Bonne année 2013 à tous.