QUINTET en Syrah Majeure.
Au programme sur une partition minimaliste mais décidément bien orchestrée nous avions troqué nos instruments de musique contre les verres INAO. Répétition générale pour suivre une mélodie du nord du Rhône à la rencontre de très jolis flacons. Un certain J. G semblait avoir signé les achats des flacons proposés ce soir là pour égayer nos papilles, merci à lui et direction donc rive droite pour une superficie de 136 hectares avec une soixantaine de grands musiciens qui jouent en Syrah majeure des mélodies difficiles avec des coteaux dont les pentes atteignent jusqu’à 60 %. Savoir qu’une trentaine seulement ne vivent vraiment de leur production donne le ton de cette mélodie des Cornas.
1 personne ne pourra exploiter que 2 hectares maximum ce qui fait plus que compliquer la tâche. On ne parle pas de mécanisation dans ces amphithéâtres situés entre 125 et 400 mètres d’altitude et orientés vers le sud, que les vents dominants épargnent. Il faut se retrousser les manches et jouer allegretto.Le Cornas est le plus méridional des crus septentrionaux, on y taille la vigne en gobelets parfois en laissant les feuilles se développer afin de protéger les raisins de la chaleur. Les sols sont pauvres et issu de granit enrichis de dépôts limoneux. La vigne est sous stress hydrique dans les années chaudes. On y récolte les raisins jusqu’à 1 semaine à 15 jours avant les autres vignobles.
5 vignerons nous ont été présentés dans la formation des artistes de cet opus des Cornas par Libertivin et sur 4 millésimes.
- Vincent PARIS
- Stéphane ROBERT
- David REYNAUD
- Alain VOGE
- Robert MICHEL qui a cédé ses vignes
Ouverture et premier mouvement
La première mélodie jouée par Stéphane Robert en ouverture, est vin un Cornas Vin Noir 2013 du Domaine de Tunnel possède une robe sombre rubis, un nez poivré un peu truffé, fumé aux accents de violette de cassis. Un boisé léger. Des notes fraiches mentholées que l’on va retrouver en bouche. Les arômes sont très marqués sur le fruit, de cassis de violette et une pointe de cerise. Un poivré et des pointes de réglisse qui finissent en agréables petites touches amères. Nous ne sommes qu’en 2017 et le vin se montre encore un peu serré aux entournures même si les tannins semblent bien intégrés. La finale est honorable. Patience ….
On passe au deuxième mouvement avec une robe plus claire et plus limpide ; Les notes olfactives sont recroquevillées bien que la chaleur des gammes aient été notées, les raisins semblent avoir été mûrs ce que confirme la bouche orientée sur la cerise et le fruit noir un peu poivré. Un assez bon équilibre, une acidité et une petite amertume glissants vers les cerises à l’eau de vie. Écrivant une Syrah non sulfitée en 2013 , David Reynaud nous fait deviner sa partition qu’il faudra redécouvrir avec la patine des années.
Lorsqu’on égrappe les raisins avec cette cuvée Granit 60 chez Vincent Paris, l’atmosphère semble plus sombre, rubis, la robe est dense. On découvre les arômes de pruneaux en confiture auxquelles on prête aisément des épices anisés ou de la badiane. Mais c’est la cerise Bigarreau et la mûre qui viennent comme un ostinato réveiller nos papilles. Belle longueur des croches et des tannins.
Le deuxième mouvement du domaine est sur le même millésime, mais ce qui nous rassure tant la parcelle « La Geynal » révèle de la finesse d’une belle robe éclatante qui se traduira par un nez élégant mêlant cerise, réglisse, cocktail de fruits noirs. La trame au palais est vineuse, comme un coulis empreint de pain brûlé, finissant sur des petits amers doux et une fraicheur qui domine par cette belle acidité des gammes jouées en cave par le chef d’orchestre qui a repris la suite d’un vignoble familial. “Paris tenus” a t-on envie de dire en souriant.
Nos oreilles étaient maintenant prêtes à décrypter les morceaux les plus improbables ou les plus surprenants dans la gamme, mais étaient ils parés pour la surprise d’un air doux et tendre joué en 2012?
Avec ses Vieilles Vignes Alain Voge nous a médusés. Une diva ! Le nez fruité, épicé, frais et complexe de sa ligne mélodique a eu dans mon groupe un effet presque cataleptique. Il s’ouvre et s’ouvre avec les minutes qui passent. Les cerises, mures et violettes caracolent le long de la partition entre acidité et fruité. L’équilibre est très beau, une marque de fabrique d’une belle maturité des grains, tandis que la persistance en bouche s’accroche sur des notes vibrantes d’épices douces, réglissées, fruitées.
Comme l’avoue un des spectateurs de nos émerveillements « Son IDT parait énorme ! » ce que je devrai me faire traduire par un indice de « Torchabilité » très élevé. Un tube énorme dans le domaine de la musique quoi !
Les accents du Cornas ne se réfèrent pas à des airs de classique sirupeux. Ils n’obéissent pas à la baguette, gardent leur fougue bien longtemps après que l’orchestre ralenti ou que le chef relâche sa pression artistique.
Nous filons maintenant vers le passé en 2005 pour apprécier le nectar d’un domaine disparu, une fois après avoir glissé le nez au dessus du liquide rubis, on ressent comme une claque. « Deux torgnoles en allez retour ! » lâche mon voisin. Robert Michel a su écrire sans fausse note dans son chai, les marques de la profondeur, signant un vin très expressif. La bouche est moins enveloppante que pour le précédent mais il y a cette acidité mordante des cerises kirschées, ces petits amers qu’on finit pas apprécier plus on avance dans la découverte des grands fabricants de rêves. Une fraicheur et un bel équilibre qui montrent que les années n’ont pas fini leur travail sur la Cuvée des coteaux qui œuvre comme une Ode au passé.
Le même vin en millésime 2004 sur la parcelle La Geynal (voir plus haut) produit des notes plus graciles et plus veloutées. La mélodie est riche. Et même très riche par sa subtilité. Au nez nous ressentons des accents truffés, cacaotés et les pruneaux cuits rôdent dans le verre. Notes fumées, lardées et sanguines. Les romarins et le laurier sauce voltigent. Pas de lourdeur dans le flacon qui exprime encore beaucoup d’arômes, des saveurs douces goudronnées, pétroleuses. Une conclusion à la digestibilité présente, tant les saveurs sont audibles par le travail réussi du vigneron , dorénavant éloigné de l’orchestre, M. Michel.
Jean-Luc Poignard
C’est pas mail. Tu te débrouilles mieux que moi sur la mise en page Jean-Luc.
Merci Jocelyn, et je crois qu’on peut encore faire mieux. Sur la mise ne page et sur les contenus…
Transparent je suis …..
l’Anonyme de la soirée Cornas