Séance Vertivinus du 14/11/2024 « Le cépage Bouysselet »

Ce jeudi soir était synonyme de découverte pour la totalité des participants, et à la fois d’une sorte de « retour vers le futur ». Le petit groupe Vertivinus avait donc rendez-vous avec l’histoire, passée, et future…

Ce cépage blanc, autochtone du Frontonnais (entre Toulouse et Montauban), est réapparu en 2010 au hasard d’une découverte faite par Diane et Philippe CAUVIN, vignerons au Château de la Colombière.

Diane et Philippe Cauvin

On le pensait disparu depuis les années 1950, en réalité, survivaient 40 pieds (pré-phylloxériques), chez un « papi qui en faisait son vin de consommation personnelle ».
L’aide de l’ampélographe Gaillacois Olivier YOBREGAT permettra rapidement de déterminer qu’il s’agit bien du cépage Bouysselet, qui sera réintroduit au catalogue officiel en 2016.
Aujourd’hui, ils sont une poignée à commercialiser une cuvée 100% Bouysselet (mais nombreux à en avoir planté). Il s’agissait donc ce soir de goûter un vin de demain, la futur Fronton blanc 100% Bouysselet (dont la demande d’appellation va être déposée à l’INAO début 2025).
Ces quelques lignes sont l’occasion de remercier les vigneron.ne.s qui se sont prêtés au jeu, et ont fourni des bouteilles (parfois anciennes, voire uniques) permettant de se faire une idée de la grande capacité de garde du Bouysselet.

Petite spécificité, l’intégralité des 14 cuvées dégustées ce soir étaient toutes en bio, ou biodynamie.

La dégustation a permis d’appréhender tous les styles actuellement abordés par chacun des vigneron.ne.s (notamment quant aux élevages). Elle était donc aussi intéressante qu’hétérogène.
Les visiteurs du futur salon des Vertivinies 2025 (22-23 Mars) auront l’opportunité d’en déguster, puisqu’un de ces vignerons (Thibault Penavayre) y sera présent, avec sa cuvée 100% Bouysselet !

Thibault Peynavayre lors de notre passage au domaine l’été 2024

Si vous voulez en savoir plus, écoutez la chronique de J. GAGNEZ sur la redécouverte du Bouysselet (France Inter) à partir de 3’30.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-vin/la-chronique-vin-de-jerome-gagnez-du-dimanche-01-mai-2022-2523221

Dégustation :

Comme à toute séance, chaque participant avait 3 voix pour désigner les vins qu’il/elle a préféré.
Les notes de dégustation ci-dessous sont, elles, toutes personnelles (celles de votre serviteur) et n’ont pas nécessairement de lien avec les points attribués, eux, par l’ensemble du groupe.

• Plaisance Penavayre – Bouysselet [2023]
Nez d’intensité moyenne à forte sur des notes de fruits secs, poire, citron, fenouil, pointe vanillée. Belle complexité.
Bouche fluide, assez pure et cristalline. L’acidité est agrumée, avec des amers précis.
La finale est longue et subtile sur les agrumes
Très joli vin qui promet d’évoluer positivement
Très bien
3 points

• Le Roc – Bouysselet [2022]
Nez à l’intensité moyenne sur des notes citronnées, acétiques à l’ouverture puis florales
La bouche est moins tendue que les autres cuvées, grasse, avec des amers marqués.
La finale est moyennement longue.
Bien
0 point

• Plaisance Penavayre – Bouysselet [2022]
Nez à l’intensité forte sur des notes de pomme compotée, noix fraiche, fleurs des champs, lavande. A la fois gourmand et aérien.
Bouche veloutée, ample, à l’acidité laser, avec des amers distingués.
La finale est sapide, umami et s’allonge s’allonge…
Très bien
6 points (dauphin ex-aequo de la soirée)

• La Colombière – Grand B [2022]
Nez à l’intensité forte sur des notes de silex, fenouil, fleurs séchées.
Bouche là aussi ample et grasse (c’est un des marqueurs du cépage), acidité acétique
Finale séchante moyennement longue.
Une cuvée qui laisse penser qu’il faudra la revoir dans plusieurs années pour l’apprécier pleinement (ou la carafer longuement… ce que nous n’avons pas eu/pris le temps de faire)
Bien +
0 point

• Château Laurou (Lionel Osmin) – Bouysselet [2022]
Nez à l’intensité forte sur des notes de citron confit, lemon curd, anisées, bourgeon de cassis, térébenthine. Là aussi c’est à la fois gourmand et floral.
Bouche ample et grasse (encore), à l’acidité sapide, les amers tapissent le palais
La finale s’étire à n’en plus finir sur les fruits jaunes
Une cuvée qui tire pleinement profit du millésime chaud avec un style plus mûr que les autres.
Très bien +
5 points
A noter : c’est un vin qu’on peut retrouver chez O. Hodebert à la cave de l’inattendu à Vertou.

• Le Roc – Bouysselet [2021]
Nez à l’intensité moyenne sur des notes élégantes d’olive verte, pierre mouillée, légèrement fumées
La bouche a une très belle patine, avec du gras (toujours et encore), une acidité gourmande (type bonbon)
La finale est longue et saline
In fine un vin encore jeune et pas en place, tous les éléments sont là mais alignés cote à cote. Il faudra être patient.
Bien
0 point

• Plaisance Penavayre – Bouysselet [2021]
Nez à l’intensité forte sur des notes herbacées, florales, fruits jaunes, pâtissières, fumées… très belle complexité
La bouche est ample et pleine, avec une acidité gourmande et fruitée, les amers sont dentelés
La finale est longue et mentholée
Très belle cuvée déjà accessible et envoutante, qui a l’air d’avoir les armes pour veillir
Très bien +
3 points

• Château la Viguerie – l’impertinent B [2021]
Nez à l’intensité forte sur des notes très exotiques, ananas, pêche blanche, tarte à la rhubarbe… puis évolue sur les herbes médicinales, la gentiane
La bouche et bien pleine, avec une matière dense, l’acidité et vive et précise, les amers marquent le palais, l’ensemble est riche
La finale est longue sur la peau d’agrumes et le tilleul
Excellent
10 points (vainqueur de la dégustation)

• La Colombière – le grand B [2020]
Nez à l’intensité moyenne à forte sur des notes végétales, fleurs séchées, les épices… on le sent encore assez contraint, il aurait mérité un bon carafage
La bouche est un peu diluée, avec une acidité retombante, des amers très discrets
La finale est un peu courte en bouche
Moyen
0 point

• Château la Viguerie – l’impertinent B [2020]
Nez à l’intensité moyenne sur le coco, la vanille, très marqué par le bois qui surpasse le reste
Bouche large, à l’acidité à la fois sphérique et tonique, amers eux aussi assez ronds
La finale est moyennement longue sur le pop corn
Moyen
1 point

• La Colombière – la grand B [2019]
Nez à l’intensité forte sur des notes flatteuses de fruits jaunes, frangipane, safranées, abricot sec, herbacées
La bouche est dense, ferme, avec une acidité patinée, des amers très fins
La finale a une sacrée allonge sur une aromatique de foin
Excellent
6 points (dauphin ex-aequo de la soirée)

• La Colombière – la grand B [2016]
Nez à l’intensité forte assez surprenant sur l’oxydatif, la noix, l’amande grillée, l’abricot sec, et une pointe fumée. A l’aveugle on jurerait un savagnin du jura partiellement ouillé
La bouche est souple, l’acidité saline quasi crispante, les amers fins
La finale est moyennement longue et peu expressive
Bien +
0 point

• La Colombière – le grand B [2014]
Le nez a une intensité moyenne. Assez végétal, lime, grillé, floral.
La bouche est stricte, saline, avec une acidité tonique (bon dieu !), les amers sont fins (c’est assez constant dans les vins de ce domaine que nous avons dégusté)
La finale s’allonge moyennement et est un peu austère, en revanche très umami (on se projette déjà sur une association de cuisine asiatique)
Bien +
1 point

• La Colombière – le grand B [2011]
Le tout premier, et unique, millésime de Bouysselet qu’il est possible de goûter (worldwide !), tant est si bien que l’étiquette de la bouteille l’affiche avec le nom de « prunelart blanc ». En effet, l’époque on n’avait pas encore réussi à retrouver de quel cépage exact il s’agissait.
Ce vin est donc introuvable désormais, Diane CAUVIN nous en avait gracieusement mis de côté une bouteille pour Vertivin.
Le nez a une intensité forte sur une aromatique de café, pêche bien mûre, buis, fenouil… ça cause dans le verre !
La bouche est fluide, avec une acidité encore très présente, les amers sont fins là encore
La finale est longue, suave et ronde
C’est une démonstration probante de la capacité de garde de ce cépage, et donne presque l’impression qu’il faut d’ailleurs savoir l’attendre pour l’apprécier (ou le carafer longuement).
Très bien +
4 points

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