«Il faut s’efforcer d’être jeune comme un Beaujolais et de vieillir comme un Bourgogne» (Robert SABATIER)
C’est vers les monts du Beaujolais et plus particulièrement les terroirs de Morgon et de Chénas que Romain emmène les participants de cette nouvelle séance Vertivinus. Ce nom Beaujolais, comme le rappelle Romain, évoque tout de suite les vins jeunes, faciles à boire, notamment chaque troisième jeudi de novembre où ils sont dégustés « nouveaux »
Mais le Beaujolais, c’est d’abord une région entre la Loire et la Saône, assurant une continuité géographique entre le sud de la Bourgogne et le Nord des Côtes du Rhône. Pas facile d’exister entre de si prestigieux voisins ! Le vignoble de Beaujolais s’étend sur près de 22 000 hectares (1/3 d’appellation générique dans le sud, profitant d’une situation de plaine ; 2/3 d’appellation de crus dans le Nord)
Le Climat est de type continental avec un effet de couloir (vent du nord bénéfique en été mais pouvant amener des gelées printanières) L’influence océanique est retenue par les monts du Beaujolais tandis que la Saône joue un rôle de modérateur
Les vignes sont en général exposées Sud/Sud Est et bénéficie du soleil levant ; avec une altitude entre 200 et 450m, les cultures suivent une logique de coteaux.
2 zones viticoles sont séparées par la rivière le Nizerand :
· Au nord, une roche plutonique a dominante granitique (régions des crus, aux sols pauvres)
· Au sud, un sol sédimentaire calcaire plus riche et fertile.
La géogologie locale est donc assez tourmentée à cause de la présence du rift de la Brévenne[1] :
On y trouve ainsi diverses formes de granits, du schiste granitique, de l’andésite – caractéristique des zones de convergences – , quelques alluvions, de l’argile en proportion variable et du dépôt sédimentaire.
Si le vin de Beaujolais fut d’abord développé par les Romains, il est indissociable de la baronnie de Beaujeu qui changea maints fois de dépositaire.
Aujourd’hui, cette région viticole produit des vins rouges à 99% (mais il existe quelques vin blancs issus du chardonnay) à partir du cépage gamay. Ce dernier est un croisement entre le gouais blanc et le pinot noir. C’est un cépage précoce et productif. Le gamay est taillé en gobelet avec une densite élevée (plus de 6000 pieds/hectare) pour encourager la concurrence entre pieds et ainsi limiter la productivité du cépage. Les vins de Beaujolais sont traditionnellement vinifiés en macération semi-carbonique (dite « beaujolaise ») qui est différente de la macération carbonique du beaujolais nouveau.
Parlons un peu de cette idée commerciale novatrice de beaujolais nouveau : créée dans les années 50 sous l’impulsion du vigneron et négociant Georges Duboeuf, elle a fait la réputation mondiale du beaujolais, présenté comme un vin jeune et facile à boire. C’est cette image qui « colle a la peau » des vins du Beaujolais alors que, n’en déplaise à Robert Sabatier cité en début d’article, certains crus de Beaujolais – au nombre de dix – ont une réelle capacité à vieillir.
Il en est ainsi du Chénas, le plus rare des crus de Beaujolais (266 ha) Situé sur un sol granitique, cette appellation jouxte celle de Moulin à Vent. Les vins de Chénas sont charpentés et structurés.
Le Morgon est quant à lui un vin charnu et puissant. Fort de ses 1000 ha de schiste granitique (avec une proportion d’argile) il dispose de climats – comme en Bourgogne – connus sous les noms des Grands Cras (vins souples), Les Charmes (terroir le plus élevé), la Côte-du-Py (vin puissant et sauvage), Corcelette (vin fins et frais), Douby et les Micouds (climats les moins connus)
La dégustation se compose de dix vins plus un « pirate » apporté par l’un des participants (merci Jean-Louis J) :
Chenin Cave coopérative 2008 sélection de la Hante : nez peu expressif. Attaque en bouche puissante et acide. Nez de fraise et de framboise écrasées. Finale plutôt longue. Assez bien.
Chenas Vent d’ange 2012 Domaine de la Sionnière (6.50€) : nez floral, puissant avec de la fraîcheur (menthol), légèrement réduit. La bouche est souple, plutôt tannique avec une finale acide. Un vin plutôt puissant et souple. Assez bien –.
Morgon VV 2012 Daniel Boullan (13.90€) : nez fruité, fraise écrasée, peu puissant. Des notes de menthe fraiche et de violette pour certains participants. La bouche est gourmande avec une finale un peu acide. Un vin plutôt puissant et fruité. Bien.
Chenas Les Carrières 2011 Domaine Paul-Henri Thillardon (12.50€) : robe trouble rouge vif. Nez un peu alcooleux, peu puissant et peu arômatique. L’attaque en bouche est salée, tannique avec des notes de poivre. Vin puissant et long. Bien.
Morgon Domaine des Nugues Gilles Gelin 2011 (11€) : robe rouge sombre, violacée. Nez de cerise bigarreau, nez plus puissant que le vin précédent. La bouche est puissante. Assez Bien.
Morgon Javennière 2011 Domaine Claude Desvignes (14.90€) : nez réduit. L’attaque en bouche est souple, avec des tannins tendres. Finale poivrée. C’est un vin puissant et épicé. Bien+.
Chenas Les Boccards 2011 Domaine Paul-Henri Thillardon (16€) : nez herbacé, mentholé, boisé avec des notes caramel. La bouche est épicée avec une attaque onctueuse. De la matière avec une belle trame tannique assez serré. Finale longue. Vin jouant à nouveau sur la puissance et les épices. Bien.
Morgon Côte-du-Py 2011 Domaine de Bel Air (12.60€) : nez un peu confit. Bouche gazeuse et puissante. Vin très boisé, « de la planche » pour certains participants. Moyen –.
Chenas cuvée Quartz 2010 Domaine Dominique Piron (11.40€) : nez animal avec ensuite de la fraîcheur. Bouche souple avec des tannins plutôt fondus. Note de réglisse, de menthol et de cerise cuite. Bien.
Chenas 2010 Domaine Jean Georges (8.90€) : nez peu aromatique. Bouche à dominante épicée, un peu âpre. La trame tannique est plutôt serrée. Assez bien.
Morgon cuvée Corcelette 201 Jean Foillard (18€) : nez framboise écrasée, prune compotée. La bouche est souple. Finale chaleureuse et longue. Vin équilibré. Bien.
C’est le Morgon Javennière du domaine Claude Desvignes qui emporte les suffrages à une très large majorité. Encore une belle séance proposée par Romain !
Et comme le hasard fait bien les choses, c’est un Chenas 2011 du domaine Jean Georges que que la cave de l’Innatendu me proposera naturellement deux jours plus tard, hé hé hé…
A bientôt !
[1] Voir à ce sujet le beau site de Jacques Delfour : http://jacques.delfour.pagesperso-orange.fr/
j’opte pour le Cuvée des Templiers !! le coup de foudre de ma vie, bien sur avec gout de piment .